Zorro comme dans
Ouellette !
Par James
Morgan
À la lecture de
cet article, deux pièges
intellectuels sont
officieusement à éviter ; de 1-
Je ne remets nullement en doute
la légitimité de Mr. Péloquin à
officier comme maire de
Sorel-Tracy, cet exercice tend à
soulever un certain nombre de
questions sur la mécanique
électoraliste et son pouvoir
sur les résultats, mais jamais
au grand jamais je ne désire
semer le doute sur les
compétences de Mr. Péloquin à
agir et rassembler comme maire.
Et de 2– je tends nullement à
dénigrer le travail exceptionnel
de centaine de bénévoles qui
croient en la politique comme
véhicule de changement,
j’affirme seulement qu’il existe
des contreparties tout à fait
inconscientes à leur performance
extraordinaire qui ont et auront
des effets néfastes sur notre
santé politique régionale.
Deux autres
considérations sémantiques
s’imposent à la lecture de cet
article.
·
Au
temps de Duplessis, ma mère me
disait qu’ils faisaient voter
les morts. De ma récente
expérience politique, j’ai
compris qu’à Sorel-Tracy comme
ailleurs, les morts continuent
de voter. Extrapolation; pour
moi, les morts n’ont pas
d’épitaphe, ce sont seulement
une cohorte d’électeurs qui
poirotent à la maison en
attendant que le téléphone sonne
et que quelqu’un leur dise pour
qui et quand voter. Ainsi, « les
morts » sont cruellement
apathiques intellectuellement;
ils ne sont ni curieux, ni
enjoués, ils conçoivent l’arène
politique sans y voir les
enjeux.
·
Ce
que je nommerais subséquemment
comme étant « la machine » fait
référence à un groupe de
bénévoles passionnés
d’organisation politique. Voyez-
y des amis, de la famille, des
connaissances de longue date,
des belles-sœurs, des gens
intimement liés qui en sont à
avoir cumulé, ensemble et pour
le plaisir, une bonne vingtaine
d’années d’expérience en
l’organisation de campagnes
électorales dans la région. Ils
y connaissent les moindres
accointements payants du point
de vue électoral, ils savent
dans le détail où et quand un
candidat se doit d’être pour
séduire l’électorat, ils ont
appris quoi dire et comment le
dire à chacune des castes de
notre société. Ils sont les
meilleurs dans ce qu’ils font,
ils ont de l’expérience et de
l’expertise, ils sont « la
machine » électorale.
Alors si telle
« machine » existe vraiment et
que nous combinons l’hypothèse
qu’il y ait dans notre belle et
vieillissante ville de
Sorel-Tracy une cohorte
imposante de « morts »; voir de
1500 à 3000 électeurs ou 10 % de
la population ou encore 20 % des
voteurs « morts ». Et
qu’adviendrait-il si la
« machine » connaissait chaque
« mort » par leur prénom? Bien
sure, vous m’entendez penser :
un phénomène d’élection clef en
main.
À l’analyse des
résultats de la dernière
élection municipale, je fus de
ceux pour le moins surpris de la
rentrée tonitruante de Mr.
Péloquin à la mairie. Il y avait
une distorsion mal-aisante à
l’issue du scrutin. Mr. Péloquin
avec une campagne électorale
normale, un programme de
langue-de-bois et un débat
vraiment sans plus ramassa le
pactole allant même jusqu’à
briser ses adversaires les plus
coriaces. Il plana dès lors une
odeur de discordance (10 à 15 %
de votation) entre le travail de
campagne effectué par Mr.
Péloquin et les résultats
obtenus par celui-ci.
Or à ceux qui
avez l’intention de me
contredire, dîtes-moi pourquoi
le débat de Mr. Lemieux ou de
Mr. Mandeville n’eut aucun
impact réel sur l’électorat ou
comment l’extraordinaire éthique
de travail de l’équipe Bastiani
ne s’est pas mérité plus
d’audience? Mais, surtout,
retracez-moi sérieusement la
liste des bénévoles engagés dans
les victoires électorales, tous
paliers de gouvernance
confondue, depuis les vingt
dernières années à Sorel-Tracy
et prouvez–moi qu’il n’y a
aucune concordance. Je
m’avouerai ensuite paranoïaque
adepte de la théorie du complot.
Mais d’ici là, écoutez mes
propos et sachez que la paranoïa
et le complot ne m’intéresse
guère. Mon intention la plus
ferme est de mettre en lumière
deux conséquences poisseuses à
ce contexte favorable aux
élections clefs-en-main.
L’effet colon
Désignation
poly-traumatique d’une
démocratie de conquis. Les
colonisateurs ont toujours
affiché un mépris maugréant
envers l’accès à la démocratie
des colonisés. Mes frères! Ce
nihilisme embourgeoisé retrouve
encore ces échos en nos terres.
Sorel-Tracy et son contexte
favorable aux élections
clefs-en-main enveniment la
vitalité politique de notre
région faisant de nous des
conquis politiques, des
à-plat-ventrues figés depuis 20
ans attendant la passion plein
les yeux que le fruit de notre
amour inconditionnel rapporte,
que notre Jules-politique y voit
autre chose dans l’électorat
qu’une petite boulotte bonne au
poêle, cette pantoufle en
phentex que l’on n’ose jeter de
peur de la blesser. Résultat :
plus aucun parti nous fait la
cour et on est cent fois cocus
plutôt qu’une.
Je parlerais bien
longtemps et volontiers de
l’insignifiance, de
l’assujettissement ainsi que du
manque de cohérence des
diarrhées tout en verbe de nos
politiciens régionaux des deux
derniers siècles. Mais je crois
qu’une histoire récente
démontrerais mieux l’étendue de
notre méprisable existence
politique.
Dernièrement, le
gouvernement national par
l’entremise de notre société
d’état Hydro-Québec procéda à
la fermeture de la centrale
thermique à Sorel- Tracy, 90
emplois bien rémunérés s’y sont
perdus. Au même instant, à
Bécancour, la même société
d’état, le même gouvernement
procéda au démantèlement de la
centrale nucléaire, 900 emplois
bien rémunérés y seront perdus.
Fait à noter dans les deux cas,
il était notable et bien
documenté que la fermeture de
ces institutions était
nécessaire pour le bas de laine
des Québécois. À Bécancour, la
compensation s’éleva à 200
millions à des fins de
divertissement de l’économie, à
Sorel-Tracy 0 comme dans
Ouellette. Pourquoi? Au prorata,
un léger 20 millions aurait due
être avancé en guise de
reconnaissance, en guise
d’équité …Et cela sans compté
que notre centrale fut-elle
responsable de notre piètre
qualité de l’air, un record all-canadian,
y parait! 0 comme dans Ouellette
plus un lopin de terre.
Ouppelaye ! Une leçon de
servilité semblable, ça replace
son orgueil régional.
La vérité c’est
qu’à Bécancour, l’annonce de
cette fermeture devint un enjeu
national. Au moment fort de la
campagne électoral de 2012, la
circonscription de Nicolet-Bécancour
était à feu et à sang
politiquement. Il s’y jouait un
réel drame politique; Aussant
brisait la gueule des
souverainistes émasculés, les
Libéraux promettaient de garder
la centrale ouverte et le PQ
brassait une enveloppe de 200
millions …… et tous les partis
avaient ses chances d’être élus.
La preuve se fut un transfuge du
Bloc Québécois vers la CAQ qui
remporta le compté! Le point est
que la vitalité, la
reconnaissance et le respect
politique est à son comble à
Nicolet-Bécancour depuis 2012 et
les promesses agissent comme du
miel sur les plaies.
Encore récemment,
lorsque Alcoa Bécancour joua au
gros bras avec le gouvernement,
la réplique du gouvernement pour
reconquérir le cœur des
souverainistes de Nicolet fut
cinglante et efficace; 130
millions au Parc industriel de
Bécancour pour développer
l’industrie des hydro-éoliennes.
Pourtant au même instant, Rio
Tinto fer et titane, fleurons de
notre industrie soreloise, éleva
d’un cran son obsession du
rendement aux actionnaires;
pertes d’emplois, entrée massive
de la sous-traitance, nouvelle
pauvreté, néo-libéralisme
sauvage et recul de la
solidarité entre salariés. À sa
fidèle épouse emberlificotée, la
gouvernance nationale actuelle
postillonna sur le compté de
Richelieu ….un gros 0 comme dans
Ouellette.
0 comme dans
Ouellette, c’est aussi le nombre
de place en CPE développé à
Sorel-Tracy lors du dernier
appel d’offre ministériel, c’est
également la réponse au CÉGEP
Sorel-Tracy à sa demande pour
recevoir la Technique policière,
c’est aussi le sous-financement
de notre festival régional adoré
et c’est significativement
l’avancement du dossier du vol
du siècle ; le vieux-gagné des
retraités d’Atlas Steel.
Que voulez-vous
la nature humaine est ainsi
faite, à la vue d’un tapis on
s’empresse de s’essuyer les
pieds dessus.
L’effet
matraque
Le printemps 2012
a su démontrer à l’échelle
nationale que les démonstrations
de force n’avaient aucune valeur
éducative. Aimer sa jeunesse,
c’est l’éduquer. Pour une
éducation efficace, il faut
toujours substituer la force par
la constance, car le contraire
génère aux bizuts peur,
méfiance, impuissance et
mésestime.
Or ainsi,
l’affirmation de puissance
déployée par la «machine» face à
sa jeune rivale, l’organisation
Bastiani et la jeunesse
politisée qui la flanquait,
pourrait en ce sens avoir
engendré chez une jeunesse
nouvellement politisée un effet
de découragement et de
désinvestissement des
générations futures. Dans un
contexte régional d’exode des
jeunes, ce n’est pas du grand
génie.
Ce n’est pas non
plus très édifiant de penser
qu’au lendemain de nos élections
municipales plusieurs jeunes
avaient mal au corps en
s’auto-projetant la douleur
ressentie par leurs congénères
du Parti d’Aujourd’hui. Le 03
novembre 2013 au soir, plusieurs
jeunes sorelois ont fait la
grimace en pensant à Corina
Bastiani et plusieurs ont fermé
les yeux, comme ils l’ont fait
en voyant la face GSP meurtrie
deux semaines plus tard, et ils
se sont dit ; « crisse de sport
de malade, moi j’irais dans
cette arène-là pour rien au
monde. »….. peur, méfiance,
impuissance et mésestime ……
Loin de moi
l’idée de voir disparaître « la
machine », je souhaiterais
simplement qu’elle diversifie
ses activités, qu’elle se
sublime par l’impartialité,
qu’elle devienne le chien de
garde de notre vitalité
politique, qu’elle trouve le
moyen d’intégrer une passation
du savoir-faire et du
savoir-être politique à des
jeunes y démontrant de
l’intérêt, qu’elle se mobilise
et s’indigne chaque fois que
l’on nous fait un doigt
d’honneur politique, chaque fois
que le respect et l’écoute des
sorelois ne sont pas à l’agenda
de nos politiciens régionaux.
Je profiterai de
cette tribune extraordinaire
pour remercier les 334 poseurs
de bombe du district3 qui ont
voté pour moi à la dernière
élection municipale, vous m’en
voyez honoré! Et je vous dirais
ce que Bourgeault eu un jour dit
à ses pairs; « vaut mieux aller
quelque part avec quelqu’un que
nulle part avec tout le monde ».
Merci de votre courage.
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