lundi 16 décembre 2013
Bilan du
gouvernement Marois
Promesses
électorales ou objectifs
politiques à atteindre
par Robert
Barberis-Gervais
On entend partout
ceci. Le gouvernement Marois n’a
pas tenu sa promesse d’atteindre
le déficit zéro en 2013 après
avoir été élu le 4 septembre
2012. Le Parti québécois a
promis d’augmenter les
redevances minières et regardez
le résultat. Il avait promis
d’abolir la taxe santé en 2012
et il ne l’a pas fait. Il avait
promis de renforcer la loi 101
et son projet de loi 14 a été
renvoyé aux oubliettes. Les
adversaires qui sont dans les
médias et qui se présentent
comme des journalistes répètent
partout que la caractéristique
principale du gouvernement
Marois, c’est le recul. C’est
aussi un des thèmes préférés des
oppositions libérales, caquistes,
solidairistes qui ont des
députés à l’Assemblée nationale.
Mardi le 10 décembre, à 24
heures en 60 minutes, Pauline
Marois a donné une entrevue à
Anne-Marie Dussault où elle a
montré un grand dynamisme et
donné des réponses pertinentes
et énergiques à toutes les
questions. Comme aurait dit ma
mère : « Elle fait bien ça,
Pauline. » A propos du déficit
zéro en 2013, elle a laissé dire
: « Vous avez blâmé Nicolas
Marceau d’avoir dit qu’il
n’avait pas été bon dans ses
prévisions. Vous n’avez pas tenu
votre promesse électorale sur le
déficit zéro ». Réponse : « Je
n’ai pas blâmé Nicolas Marceau.
Je le trouve trop humble. Il
s’est basé sur les meilleurs
prévisionnistes et économistes.
On a agi sur ce qu’on peut
contrôler. On a maintenu la
hausse des dépenses en bas de 2
% ce que les libéraux n’ont pas
réussi à faire en neuf ans.
Quant au reste de l’économie,
les revenus n’ont pas été au
rendez-vous ».
En écoutant cette réponse m’est
venue l’idée de faire une
différence entre une promesse
électorale et un objectif
politique à atteindre.
L’équilibre budgétaire est un
objectif politique pour tout
gouvernement. Etant donné qu’un
gouvernement provincial a une
marge de manoeuvre limitée quant
à l’économie, essayer
d’atteindre le déficit zéro ne
peut pas être une promesse
électorale. C’est absurde de
dire que c’est une promesse
électorale. C’est donc de la
vile partisanerie que de dire
que le gouvernement Marois n’a
pas tenu sa promesse électorale
sur l’atteinte du déficit zéro.
Surtout si ça vient des
descendants du gouvernement
Charest-Bachand qui ont laissé
un trou de 1.6 milliard dans les
finances publiques. Ce qu’il
faudrait dire c’est que le
gouvernement Marois n’a pas
atteint l’objectif du déficit
zéro. Et chercher les causes qui
l’expliquent.
J’aurais dû commencer par une
remarque générale qui consiste à
tenir compte du fait que les
engagements qui ont été pris par
le Parti québécois pendant la
campagne électorale l’ont été
fait dans l’optique d’un
gouvernement majoritaire.
Ainsi par exemple, la loi sur
les mines a été adoptée parce
que la CAQ a eu une attitude
constructive contrairement à son
attitude d’obstruction sur les
améliorations de la loi 101 sur
la langue française. Après cette
grave erreur sur le projet de
loi 14, à la CAQ, quelqu’un a
compris qu’il valait mieux
isoler le Parti libéral qui est
de mauvaise foi sur tout. Après
des tentatives de compromis de
la ministre Diane De Courcy,
comme la CAQ était en train de
vider la loi 14 de toute
substance, le gouvernement a
reculé. Pouvait-il faire
autrement ! C’est la conséquence
d’être minoritaire et d’avoir
une opposition qui a décidé de
tout saboter. Sur la loi 14, la
CAQ n'a pas eu une attitude
constructive. Comme sur la loi
des mines, il semble que la CAQ
aura une attitude constructive
sur la loi 60, sur la charte de
la laïcité. Et qu’il arrivera
deux choses : le Parti libéral
sera de nouveau isolé et le
Québec progressera grâce à la
collaboration de la CAQ avec le
gouvernement Marois. François
Legault aime faire le coq et il
a prédit que son parti prendra
le pouvoir en 2014. C'est ce que
les Anglais appellent du "wishfull
thinking". Dans la photo de
famille de la CAQ, avez-vous
remarqué l'absence de Jacques
Duchesneau qui veut être nommé
Inspecteur général de la ville
de Coderre? A mon humble avis,
au moment de l'adoption du
budget, il est loin d'être sûr
que la CAQ fera tomber le
gouvernement et que nous irons
en élections.
Les commentateurs, les
journalistes et les partis
d’opposition aiment bien parler
de promesses électorales et
surtout évidemment de promesses
électorales non tenues pour se
payer le luxe de traiter les
hommes et femmes politiques de
menteurs. Le plus bel exemple
qu’on peut donner et le plus
grave c’est quand Pierre Elliot
Trudeau a laissé croire qu’il
réformerait le fédéralisme en
tenant compte des intérêts du
Québec la veille du référendum
de 1980. Vous vous souvenez : «
Nous mettons nos sièges en jeu
».
En conclusion, au lieu
d’employer l’expression «
promesses électorales », il
serait plus juste et plus
honnête de parler « d’objectifs
politiques » qu’un gouvernement
s’engage à essayer d’atteindre.
Si un citoyen est d’accord avec
ces objectifs, il vote pour le
parti qui les propose. Et on
s'attend à ce que ce
gouvernement essaie de réaliser
les objectifs politiques pour
lesquels il s'est fait élire.
Dans la mesure de ses moyens et
en tenant compte de la
conjoncture.
Vous savez sans doute que les
indépendantistes pensent que si
le Québec était un pays avec
tous les pouvoirs d'un pays avec
un gouvernement qui ramasse
toutes les taxes et tous les
impôts que paient les Québécois,
il aurait de meilleurs moyens de
réaliser ses objectifs
politiques.
En terminant, puisqu'on parle
ici de démocratie, j'ai lu avec
attention le texte de James
Morgan publié en opinion du
lecteur sur le Sorel-Tracy
Magazine, le 11 décembre 2013.
Sans être à même d'apprécier
tous les détails de son
intervention, j'ai été
impressionné par la passion de
l'engagement qui s'y exprime. On
ne saurait trop dénoncer
l'apathie, l'indifférence, la
passivité de maints citoyens et
pas seulement dans la région de
Sorel-Tracy. Ou bien ils
s'abstiennent ou bien ils votent
selon les apparences ou sous
l'influence des machines
électorales. Les pouvoirs
publics ont peu de respect pour
les silencieux et les endormis.
Prenez l'exemple de la fermeture
de la Centrale Thermique de
Tracy qui a fait perdre 90
emplois. Est-ce que la région a
obtenu une compensation comme à
Bécancour? Au-delà des élections
municipales qui échappent à ma
compétence, James Morgan a 100%
raison quand il encourage à la
combativité et à l'engagement.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 16 décembre 2013
barberis@videotron.ca
|