Réunion
d’information sur la Charte
à Longueuil
Bernard Drainville, pas du
tout xénophobe plutôt
xénophile
par
Robert Barberis-Gervais
Ceci n’est
pas un compte-rendu objectif
d’une réunion d’information
tenue lundi le 2 décembre
2013 à Longueuil sur la
Charte de la laïcité en
présence de Marie Malavoy et
Bernard Drainville et bien
présidée par Manuel Dionne,
attaché de presse du
ministre responsable de la
Charte. Je vous renvoie à un
article du Devoir :
Longueuil - Rencontre tendue
entre le ministre Drainville
et des citoyens autour de la
charte de...
www.ledevoir.com et à un
long article de Josée
Legault sur son blogue du
Journal de Montréal: Soirée
« charte » à Longueuil |
Josée Legault blogues.journaldemontreal.com/joseelegault/.../soriee-charte-a-longueuil/ Josée
Legault - 3 décembre 2013.
Lundi soir, à Longueuil, une
soirée « charte des
valeurs » avec Bernard
Drainville résumait à elle
seule ce que le Québec vit
...
Je n’ai
rien appris de nouveau sur
la loi 60 puisque j’étais au
courant. Je ne parlerai pas
plus que ça de Jaggi Singh
et de ses amis, responsables
de l’annulation de la
présence de Bernard
Drainville à l’Université
Concordia incapable de
s’engager à ce que le débat
se fasse dans l’ordre et
sans perturbation. En s’y
mettant à quatre, ils ont
tenté en vain de monopoliser
la période des questions et
de faire dévier le débat en
attaquant la ministre de l’Education
à propos des enfants sans
papiers. L’activiste Singh a
proféré de façon agressive
des accusations de racisme
et de xénophobie. Selon lui,
« la charte est xénophobe et
raciste et fait prendre un
virage horrible à la société
québécoise." Deux
interventions préparées
d’avance (on est militante
alors on se prépare…) se
sont terminées de façon
théâtrale par un bien
senti : « J’ai honte d’être
québécoise ». Nous avons
gardé notre calme. René
Lévesque, le soir du 15
novembre 1976, a dit : « Je
suis fier d’être
Québécois. » J’ai trouvé ces
musulmanes un peu effrontées
de détourner ainsi cette
citation.
Le clou de
la soirée quant à moi a été
la présence d’une douzaine
de femmes portant le voile,
militantes de la liberté de
religion, qui ont participé
à l’assemblée. Quatre
d’entre elles sont allées au
micro et ont pu exprimer
librement leur opposition à
la Charte. Avec leur
français impeccable, leurs
voiles multicolores et leur
pensée articulée, je les ai
trouvées fort séduisantes.
Elles m’ont fait penser à
Fatima Houda-Pépin. Je doute
fort que dans leur couple
l’homme soit dominant...au
contraire.
Ce qui m’a
frappé, c’est l’attitude
ferme et respectueuse de
Bernard Drainville dans sa
façon de leur répondre. Il a
terminé chaque fois en
disant : « J’ai du respect
pour vous. Vous êtes des
Québécoises à part entière.
Nous avons des points de vue
différents. Je vous demande
à votre tour de respecter le
point de vue du
gouvernement. »
D’une
logique redoutable, il a
fait le raisonnement suivant
et je cite de mémoire :
« Les femmes musulmanes se
disent libres de porter le
voile. Alors, si elles sont
libres de le porter, elles
sont libres de l’enlever sur
les heures de travail. Et si
elles sont obligées de le
porter à cause de la
pression du groupe et
principalement des hommes
musulmans, ça va contre
l’égalité hommes-femmes et
nous devons combattre ce
genre d’intégrisme. »
Il a
ajouté que si le Québec se
donne des règles claires
quant aux accommodements et
quant à la neutralité de l’Etat
qui s’exprime par l’absence
de signes religieux très
visibles, la société
fonctionnera mieux et des
employeurs ne mettront pas
les cv des maghrébins aux
poubelles de peur d’avoir à
consentir à toutes sortes de
demandes d’accommodements.
Après
avoir montré une grande
pertinence et ce que ma mère
aurait appelé « une patience
d’ange » dans sa façon ferme
et polie de répondre aux
objections à la Charte,
objections qui ont pu
s’exprimer librement comme
cela est normal dans une
société démocratique,
Bernard Drainville a parlé
de l’adoption que sa femme
et lui ont faite d’un jeune
Coréen qui s’est ajouté à
ses deux autres enfants
« biologiques ». Cet enfant
coréen est maintenant un
Québécois a-t-il dit ému.
De cette
adoption et de sa manière
très respectueuse de
répondre aux questions des
quatre femmes voilées, j’en
conclus qu’au fond Bernard
Drainville n'est pas du tout
xénophobe et qu'il est
plutôt xénophile. Pour en
arriver à cette conclusion,
cela valait le déplacement.
Et cela
explique le peu de travail
des trois policiers
athlétiques qui montaient la
garde en arrière et qui
m’ont répondu quand je leur
ai dit que le dénommé Singh
voulait passer à la
télévision de Radio-Canada
qui enregistrait fébrilement
ses interventions : « On le
sait, on le connaît. »
L’assistance majoritairement
favorable à la Charte a
montré une discipline digne
de Michel Therrien pour ne
pas faire le jeu des
agitateurs.
Meilleure
chance la prochaine fois
messieurs les grands
partisans du
multiculturalisme et de la
Charte trudeauesque des
libertés à sens unique. Au
fond, vous n’êtes pas si
mauvais garçons. Car si vous
aviez vraiment voulu
perturber cette assemblée
pacifique d’information,
vous auriez essayé de poser
vos questions en anglais. Je
dis bien « essayé » car vous
ne seriez pas allé loin dans
votre tactique. J’en profite
pour vous féliciter de votre
bon français. En vous
exprimant dans la langue de
Gilles Vigneault, vous avez
montré votre respect pour la
culture québécoise. Vous
aussi, malgré votre évidente
préférence pour le Canada et
le free for all de la Charte
canadienne quant à la
liberté individuelle de
religion, vous commencez à
être Québécois. A la fin de
la réunion, mon beau-frère
Marcel Soucy, ex-professeur
de philosophie au collège
Maisonneuse, pour souligner
le prosélytisme des
enseignantes portant le
voile, est allé saluer Saggi
Singh en lui disant: "le
medium est le message" et
Singh a réagi: "Marshall
McLuhan." C'est un début de
dialogue.