lundi 21 janvier 2013
La rivalité
politique Lévesque-Bourgault
réduite à un combat de coqs
par Robert
Barberis-Gervais
Andrée
Ferretti a publié sur le site
independantes.org, le 14
janvier 2013, un texte sur la
relation René Lévesque-Pierre
Bourgault intitulé : « Sans
complaisance : les petitesses
d’une grande lutte. » Il faut
aller sur le site
independantes.org pour le
lire en entier. Je vais faire
des commentaires sur le passage
suivant.
« Je pense
qu’il aurait été tellement
simple et tellement utile à
notre cause si un René Lévesque
moins pusillanime et un
Bourgault moins arrogant avaient
pu s’entendre. Si le premier
avait joint avec confiance les
rangs du RIN, alors que
Bourgault lui aurait cédé son
poste de chef.
Malheureusement, on ne refait
pas l’histoire. Et où en
sommes-nous, mesdames,
quarante-quatre ans plus tard ?
Une chose est certaine, avec
Pauline Marois à la tête du
parti et du gouvernement, le
peuple québécois est protégé des
batailles de coqs, du moins pour
un temps. Souhaitons qu’il soit
le plus long possible. Jusqu’à
l’indépendance ? Pourquoi pas ?
» (fin de la citation) Andrée
Ferretti
Madame
Ferretti,
J’aime bien ce
genre de témoignage. Ni René
Lévesque, ni Pierre Bourgault ne
trouvaient grâce à vos yeux. Il
y avait des raisons politiques
au refus du MSA de fusionner
avec le RIN : l’unilinguisme
(fin des subventions aux écoles
anglaises) et le style de Pierre
Bourgault. J’ai déjà fait
l’éloge de Bourgault, pour son
engagement indéfectible pour
l’indépendance et pour sa
persistance et je ne me dédirai
pas ici. Mais à propos de son
art oratoire, je pensais au
poète français Verlaine qui dans
son art poétique écrivait : «
Prends l’éloquence et tords-lui
le cou ».
Etant donné
les divergences politiques
graves entre Lévesque et
Bourgault, vous tombez dans la
facilité en les réduisant à des
combats de coqs. Votre féminisme
vous rend maternaliste et c’est
décevant. Vous m’obligez à
parler de l’équivalent féminin
que, dans un épisode de Seinfeld,
on appelle des « catfights »,
des crêpages de chignon, et qui
ont eu lieu entre Louise
Beaudoin et Pauline Marois,
entre la lionne de Bourget,
Diane Lemieux et Pauline Marois
et, récemment entre Nicole Léger
et Diane De Courcy.
Par ailleurs,
la vanité et le bellicisme sont
des défauts humains et non
masculins.
C’est mon
témoignage comme militant du
Mouvement
Souveraineté-Association (MSA)
en 1968.
Madame
Ferretti,
inspiré de
votre titre, je viens d’écrire
un commentaire « sans
complaisance ». Je suis presque
sûr qu’il vous a déplu. Il
conteste votre jugement sur «
les petitesses » des hommes
politiques en cause. Et je suis
certain qu’il a déplu aux femmes
qui, comme vous,
malencontreusement, aiment bien
qualifier les divergences
d’opinions politiques entre
hommes « de combats de coqs »
Ajoutons, ce
qui n’est pas un détail, que
votre radicalisme faisait partie
du problème. Vous dites que René
Lévesque aimait votre
intransigeance. C’est ce qu’on
appelle un compliment
empoisonné. Si, comme vous le
dites avec raison, René Lévesque
ne voulait pas fusionner son
mouvement (MSA) avec le RIN,
votre intransigeance servait ses
desseins politiques. Votre
grille féministe vous empêche de
prendre une part de la
responsabilité de la non fusion
entre le RIN et le MSA.
Cette grille
féministe vous porte
naturellement, en parcourant
l’histoire du Québec, à parler
des petitesses masculines et des
grandeurs féminines. Pour voir
les limites et les inconvénients
de cette grille, essayez de
l’appliquer aux négociations qui
ont précédé les élections du 4
septembre 2012 entre Québec
solidaire et le Parti québécois.
Leur échec a
failli mener à la défaite du
Parti québécois. Comme les chefs
de Québec solidaire et du Parti
québécois sont deux femmes, à
quelles petitesses féminines de
Françoise David et de Pauline
Marois pouvez-vous attribuer
l’échec des négociations ?
Essayez d’appliquer votre grille
féministe pour expliquer cet
échec et vous en verrez les
limites. Au début d’un
documentaire sur les Rolling
Stones, un des deux guitaristes
a dit : "Don’t let the truth
spoil a good story" : "Ne
laissez pas la vérité gâcher une
bonne histoire." Ce sera ma
conclusion devant cet historique
gâché par la grille féministe de
l’opposition politique entre
René Lévesque et Pierre
Bourgault. |