LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : mercredi 03 juillet 2013 22:10

13 500 pages par jour

 

NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE


Robert
Barberis-Gervais

«««««
L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
»»»»»

mercredi 03 juillet 2013

Une loi spéciale au Parlement de Québec ou qui a le pouvoir?

par Robert Barberis-Gervais

Des débats d’une journée au Parlement de Québec dimanche le 30 juin 2013 se dégagent les conclusions suivantes implacables et brutalement tirées.

1- Si les syndicats de la construction du secteur industriel, commercial et institutionnel n’ont pas réussi à faire céder le patronat sur ses principales exigences qui sont des reculs pour les travailleurs, sur les horaires, le salaire pour le temps supplémentaire et la mobilité de la main-d’oeuvre alors qu’ils exerçaient leur droit de grève et exerçaient un rapport de forces, comment peut-on dire comme l’ont fait les partis d’opposition que les parties ont un an pour négocier et pourront en venir à une entente alors que les travailleurs n’ont plus aucun rapport de force ni aucun moyen de pression. Le patronat ne cèdera pas et dans un an, on sera de nouveau devant un blocage des négociations à cause de l’intransigeance patronale. Le compromis du gouvernement de donner deux ans aux parties fut refusé par l’opposition. De toute façon, sa proposition initiale sur quatre ans avec des augmentations de salaire était bien meilleure et favorisait la stabilité sur les chantiers de construction pendant quatre ans pour le plus grand bien de l’économie québécoise.

2- La proposition qui remplace 4 ans par un an a été adoptée par un vote de 57 à 48. Les libéraux et les caquistes ont voté pour et les péquistes et Françoise David ont voté contre. Qui a le pouvoir dans ce Parlement ? Les libéraux et les caquistes. Ce serait le résultat de la sagesse des électeurs diront certains pseudo-analystes de la radio poubelle. Permettez-moi de penser exactement le contraire. Ce dimanche spécial fournit amplement matière à réflexion sur les inconvénients d’un gouvernement minoritaire incapable de faire adopter des lois qui défendent l’intérêt général.

3- Les libéraux et les caquistes sont pro-patronal. Imaginez il a fallu insister pour obtenir le 2% d’augmentation de salaire pour les travailleurs. Couillard proposait moins et les caquistes aussi.

4- Le fond du problème, c’est qu’à cause de la Commission Charbonneau et de l’engagement du gouvernement Marois en faveur de l’honnêteté dans le monde de la construction (loi 1 entre autres), comme la collusion sera rendue plus difficile et les extras plus limités, les entrepreneurs feront moins de profits. Pour obtenir plus de profits après avoir été gâtés pendant dix ans par un régime libéral encourageant la corruption par la collusion, les entrepreneurs en construction dans l’institutionnel, le commercial et l’industriel ont décidé de diminuer les avantages obtenus par les travailleurs dans des négociations antérieures. En faisant leur proposition sur quatre ans, le gouvernement Marois empêchait la partie patronale de continuer son chantage. En faisant une proposition sur un an, l’opposition favorise la partie patronale qui continuera de vouloir faire autant de profits qu’à la belle époque Charest, pré-commission Charbonneau…sur le dos des travailleurs. Les entrepreneurs vont souhaiter un changement de gouvernement lors des prochaines élections. Ils savent que les libéraux et les caquistes sont pro-patronal et anti-syndical. Le parti libéral se dit le parti de l’économie,  Jean-Marc Fournier aime le répéter ad nauseam : quelle farce ! La Commission Charbonneau va finir par nous  montrer les rapports entre le financement du PLQ et la corruption et la collusion dans le monde de la construction.

Parlant de changement de gouvernement, ce conflit dans le monde de la construction et ce dimanche spécial au Parlement de Québec devraient conduire les progressistes et les indépendantistes à la conclusion qu’aux prochaines élections, il faut élire un gouvernement péquiste majoritaire. Le gouvernement Marois a eu un comportement irréprochable pendant ce conflit. Son projet de loi de retour au travail était excellent. Il a été trucidé par les libéraux et les caquistes comme ils se préparent à édulcorer tout projet sur la langue ou la laïcité après avoir empêché la création de la Banque de développement. Laisser entendre que la ministre du travail aurait dû négocier avec l'opposition et que c'est de sa faute  si les libéraux et les caquistes ont voté pour un an, c'est vouloir minimiser la responsabilité des partis d'opposition qui sont les seuls responsables de leur prise de position pro-patronale. Agnès Maltais a beau avoir un style abrasif, laisser entendre que si elle avait été plus souple, son amendement de donner deux ans à la négociation aurait passé, c'est induire les gens en erreur.

Selon François Legault, "reconduire les conventions pour quatre ans et donner des hausses de salaire durant cette période enlevait « tout rapport de force à la partie patronale ». « Le gouvernement a essayé d’en passer une petite vite, et ça n’a pas marché ». Conclusion : ce que la CAQ a défendu, c’est la partie patronale. C'est du populisme de mauvais goût que de parler de "p'tite vite" ou de dire que le projet de loi gouvernemental était de l' improvisation et de bricolage. En disant n'importe quoi, François Legault se discrédite.  Quant à Philippe Couillard, il a fait le même raisonnement pro-patronal : sa proposition initiale d’augmentation de salaire était moins de 2%.

Il fallait voir les libéraux et les caquistes se bomber le torse avec leur vote de 57 à 48. Cette situation est insupportable. Il va falloir régler ça aux prochaines élections. En espérant que la majorité de la population aura compris quel parti défend ses intérêts. Et ce n’est pas le Parti libéral ni la CAQ.

Voilà les conclusions politiques éminemment pédagogiques qu’on doit tirer des débats entourant l’adoption de la loi 54 sur le retour au travail des 77,000 travailleurs de la construction dans les secteurs institutionnels, commercial et industriels. L'avenir dira si les travailleurs auront gaspillé deux semaines de salaire en faisant la grève: ils auront au moins sauvé un an avant que les associations patronales de construction ne reviennent à la charge.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mercredi 03 juillet 2013
barberis@videotron.ca

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés -
© 2000-2010