LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : samedi 08 juin 2013 20:07

13 500 pages par jour

 

NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE


Robert
Barberis-Gervais

«««««
L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
»»»»»

samedi 08 juin 2013

Retour sur l’attentat politique du Métropolis contre Pauline Marois

par Robert Barberis-Gervais

Au moment où le procès contre Richard Henry Bain piétine, un retour sur l’attentat terroriste du Métropolis du soir du 4 septembre 2012 oblige à se poser des questions graves sur le comportement des polices : Sûreté du Québec et police de Montréal.

Nous avons tous été témoins en direct à la télévision de cet attentat politique dont l’objectif avoué était de tuer Pauline Marois le soir de sa courte victoire aux élections.

Examinons les circonstances. La fille de Denise Filiatrault s’est dite étonnée qu’on puisse entrer dans la salle du Métropolis comme dans un moulin (voir l’article de Nathalie Petrowski dans La Presse : « la fête gâchée »).

Claude Poirier en conversation avec Steven-Guy Sévigny. Ce militant péquiste a vu sur un site web, une reproduction du fromage : la vache qui rit avec une photo de Pauline Marois au centre. Et des photos d’armes à feu sur facebook avec une invitation d’aller au Métropolis adressée aux militants du Parti québécois. Il raconte à Claude Poirier. Tout cela est dans le Journal de Montréal du jeudi 6 septembre 2012. Sévigny a appelé la police. Deux agents de la police de Montréal costumés se sont présentés chez lui vers 15 heures. Il leur expliqué ses craintes et leur a dit : « il y aura un attentat au Métropolis ce soir ». Les policiers lui ont dit de ne pas s’inquiéter pour rien. Ils ne l’ont pas cru. Vers 19 heures, deux agents de la Sûreté du Québec costumés sont arrivés chez lui. Il leur a expliqué qu’il croyait qu’il y aurait un attentat le soir-même au Métropolis. Il a les noms des deux agents de la SQ. Apparemment, ils ne l’ont pas cru.

Sévigny était tellement sûr qu’il devait aller au Métropolis et qu’il est resté chez lui. Il n’a même pas regardé la télévision tellement il était angoissé. Peu de temps après l’attentat, une amie l’a appelé pour lui dire : « tu avais raison ».

Un homme déguisé portant cagoule avec robe de chambre bleue foncée en possession de deux armes à feu dont une AK-47 est entré dans la salle du Métropolis par une porte non surveillée, a tiré sur un technicien Denis Blanchette et l’a tué et en a blessé un autre tout en mettant le feu. Il se préparait à faire un massacre lorsque sa mitraillette a bloqué. Il fut neutralisé.

Yves Desgagnés a fait un récit de ce qu’il a vécu à LCN jeudi après-midi et de ce qui s’est passé dans les coulisses. C’est lui qui a fermé une porte pour sécuriser tous les proches de madame Marois. Il a vanté le sang froid de Pauline Marois et son altruisme : elle était plus inquiète pour les autres que pour elle-même. C’est pour ça qu’elle est revenue terminer son discours et qu’elle a fait venir sur la scène les membres de son équipe qui ont été élus. Yves Desgagnés, ce spécialiste de Tchékov, a fait l’éloge de la première ministre qu’il a accompagnée comme présentateur pendant toute la campagne électorale et qu’il a vu de près. Il est en admiration devant elle. La dernière fois que j’ai vu Yves Desgagné être aussi admiratif c’est quand il parla de Victor-Lévy Beaulieu, auteur de téléromans.

Voilà des faits. A partir de ces faits, j’accuse la police de Montréal et la Sûreté du Québec d’incompétence et de négligence. La porte arrière où est entré Richard Henry Bain n’était pas surveillée. Il était habillé anormalement et si la porte avait été sécurisée comme elle aurait dû l’être, il ne serait pas entré et le technicien Denis Blanchette serait encore vivant. Cette porte arrière non surveillée par des policiers surtout après avoir été avertis, c’est de l’incompétence et de la négligence.

Je ne parle pas de tous les médias anglophones qui sèment la haine contre le Parti québécois et que Richard Henry Bain représente ; je prends ici le problème du strict point de vue de la sécurité. Je ne suis pas le seul à poser des questions : les spécialistes de la sécurité qui ont fait des commentaires dans les médias ont aussi posé des questions.

Mais, en me basant sur les faits connus, je pense que les responsables de la sécurité de la police de Montréal et de la Sûreté du Québec ont lamentablement failli à la tâche. Quand des spécialistes de la sécurité se comportent comme de minables amateurs, ne croyez-vous pas qu’on a le devoir de poser des questions !

Le soir du 4 septembre à la salle Métropolis, sur la rue Ste-Catherine à Montréal, il y avait des responsables de la sécurité. La sécurité, c’est une spécialité et il y a des gens formés pour ça.


Yves Desgagnés qui était sur place aux premières loges (comme animateur de la soirée) a donné une entrevue jeudi le 6 septembre 2012 à 24 heures en 60 minutes à Anne-Marie Dussault. Après avoir fait la description de ce qu’il a vu, il a affirmé deux choses. Premièrement. La sécurité ce soir-là était gravement déficiente. (J’ajoute que ce n’est pas normal.)

Deuxièmement. Il faut qu’il y ait une enquête publique indépendante.

Je suis entièrement d’accord avec Yves Desgagnés.

Il faut aussi voir la vidéo de l’entrevue de Yves Desgagnés donnée à Pierre Bruneau sur TVA nouvelles national : « Attentat contre la première ministre » 
La sécurité déficiente, selon Yves Desgagnés : 6 septembre 2012 à 22h44

Yves Desgagnés témoigne.

Sur place, il y avait un service important de sécurité, toutefois, pour une raison qu’on ignore, il était très facile pour n’importe qui d’entrer par cette porte. « Je l’avais fait remarquer à certains agents de sécurité en leur disant qu’on pouvait entrer et sortir facilement. « Comment se fait-il ? Notre première ministre sera sur scène ce soir », s’est-il questionné. On m’a dit que tout était sous contrôle, genre mêlez-vous de vos affaires. »

M. Desgagnés se trouvait avec les amis et proches de Mme Marois, en coulisse, un peu avant le drame. Ils étaient plusieurs dans un espace assez restreint. À un moment, il s’est approché d’un téléviseur près de la porte et c’est à ce moment qu’il a entendu un coup de feu. « Bang ! Coup de feu et un homme est à mes pieds, ensanglanté. J’étais à côté d’une attachée de presse de Mme Marois qui s’est précipitée pour tenter d’arrêter l’hémorragie. Là, je vois des flammes qui arrivent dans la porte »

À partir de ce moment, c’est le branle-bas de combat, explique M. Desgagnés ajoutant que c’est lui qui a demandé à un policier agent de sécurité de la chef du Parti québécois de la sortir de scène. 
Ne voulant pas créer de mouvement de panique, M. Desgagnés n’a pas parlé du coup de feu, des flammes, ni du blessé, mais a plutôt prétexté qu’il s’agissait d’une bombe assourdissante.


Avec un peu de recul, Yves Desgagnés est toujours aussi impressionné de la réaction de la première ministre. « Indépendamment de nos allégeances politiques, je me dis qu’on est bien chanceux d’avoir au Québec une femme de ce sang froid-là pour nous diriger et c’est le sentiment que je garde de cette soirée », a-t-il conclu.

Mon commentaire : Circonstance aggravante : Yves Desgagnés a averti "la sécurité" que ça n’avait pas de bon sens qu’on puisse entrer dans la salle du Métropolis comme dans un moulin, ou un dépanneur, ou une grange. Il s’est fait répondre de se mêler de ses affaires. Il a dit à Anne-Marie Dussault :« La sécurité était extrêmement défaillante. Il faut une enquête sérieuse vraiment et indépendante. »

Conclusion : ce qui s’est passé est extrêmement grave et il y a des responsables précis.

Précisions Quand Pauline Marois a parlé « d’un léger incident », il s’agissait de la « bombe assourdissante » inventée par Yves Desgagnés pour minimiser les choses comme il l’a expliqué lui-même dans le récit qu’il a fait des événements. De toute évidence, elle ne savait pas ce qui s’était passé quand elle a voulu continuer son discours. La police explique qu’on l’a laissée faire parce que tout danger avait été écarté. Je suis impressionné par le jugement laudatif global porté par Yves Desgagnés sur Pauline Marois.

Ce qu’il faut expliquer toutefois, c’est pourquoi les deux avertissements donnés à la police de Montréal et à la Sûreté du Québec par Steven-Guy Sévigny ont été ignorés ? Pourquoi on n’a pas tenu compte des remarques de Yves Desgagnés et qu’on lui a dit de se mêler de ses affaires ?
 Selon des explications données par la police, vendredi le 7 septembre, jamais la sécurité de madame Marois n’a été compromise. Et il n’y aura pas d’enquête publique.
 Comme à tout bon citoyen crédule, on nous demande de prendre la parole de la police même si elle est de toute évidence en conflit d’intérêt.

Des questions se posent sur les circonstances de l’attentat politique terroriste perpétré par Richard Henry Bain. Ajoutez les manipulations médiatiques pour minimiser l’attentat et la façon dont se déroule (ou ne se déroule pas) le procès du fanatique anglophone, et vous aurez matière à réflexion.

J’attire l’attention sur un dernier point. Deux jours après cet attentat terroriste qui a mis la vie de Pauline Marois en danger et suite à l’aveu de Richard Henry Bain qu’il voulait tuer Pauline Marois, voici ce qu’a écrit quelqu’un qui veut le départ de Pauline Marois.

"Pauline Marois a déclaré le lendemain que les policiers ne lui ont pas expliqué la nature de l’attentat. C’est pour cela qu’elle est revenue sur scène et qu’elle a parlé d"un "léger incident".
 Cout’donc, il ne faut pas nous prendre pour des valises : un homme est mort et l’autre est grièvement blessé et elle parle d’un "léger incident".
 D’autre part, ce n’est pas cela qui est le plus important. Le plus important c’est le choc post-traumatique que Pauline Marois va subir. Cela peut se manifester dans quelques mois seulement et si cela se manifeste, ça ne sera pas drôle du tout pour elle. Je me demande comment elle va faire pour passer à travers cela. Il y a une limite à l’ambition politique.
En tout cas. moi je n’aimerais pas être dans sa peau. Comment va-t-elle faire maintenant pour se promener en public sans craindre de se faire attaquer ? This is the question."

Pour lui, cet attentat est une autre occasion d’attaquer Pauline Marois.

En déformant la question du "léger incident" : "il ne faut pas nous prendre pour des valises".

En la blâmant de continuer à exercer la fonction de Première ministre : "Il y a une limite à l’ambition politique".

Ensuite et c’est le pire, en faisant semblant d’avoir de la compassion pour elle : "Le plus important c’est le choc post-traumatique que Pauline Marois va subir. Cela peut se manifester dans quelques mois seulement et si cela se manifeste, ça ne sera pas drôle du tout pour elle. Je me demande comment elle va faire pour passer à travers cela. Il y a une limite à l’ambition politique.
En tout cas. moi je n’aimerais pas être dans sa peau. Comment va-t-elle faire maintenant pour se promener en public sans craindre de se faire attaquer ? This is the question."

Comparez à la réaction admirative d’un homme comme Yves Desgagnés.

Si on comprend le français, il semble se réjouir que, après cet attentat, sa tâche de première ministre soit rendue plus difficile car "ll y a une limite à l’ambition politique".

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je trouve que cette attitude est inhumaine. On est ici devant quelqu’un qui a perdu son humanité.

Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
samedi 08 juin 2013
barberis@videotron.ca

Bookmark and Share

PUBLICITÉ

Le SorelTracy Magazine
une filiale des Productions Kapricom
Tous droits réservés -
© 2000-2010