mercredi 27 mars 2013
D’enfants et
d’eau
Par
Normand Gagnon
Quand j’étais
enseignant, aux gens qui me
plaignaient, je répliquais qu’au
contraire, mes élèves me
gardaient jeune. J’appréciais
leur fraîcheur, leur regard
neuf, sans préjugés, sans
cynisme; ils étaient prêts à
relever tous les défis et me
stimulaient à faire ma part.
Maintenant que je
suis retraité de l’enseignement,
je trouve la même motivation en
regardant ma petite fille, qui
vient de franchir la barre de sa
première année sur Terre. Un
modèle d’innocence et de pureté,
elle appelle à lui offrir comme
terrain de jeu un monde qui est
le reflet de sa beauté.
Malheureusement,
comme nous le savons tous
maintenant, le terrain de jeu
qu’est notre Terre est mal en
point. Ça ne tourne pas rond.
Par chance, plusieurs mettent
aujourd’hui l’épaule à la roue
pour que notre planète retrouve
sa belle rondeur santé de jadis.
Ces bienfaiteurs ont tôt fait de
trouver la formule de ralliement
suivante : « Penser globalement,
agir localement ».
Or, le lieu
d’action le plus évident de
notre région est la rivière
Yamaska, que l’on qualifie de la
plus malade des tributaires du
Saint-Laurent. Je l’ai d’abord
ausculté moi-même en tant que
kayakiste invétéré, découvrant
ainsi autant ses merveilles que
ses blessures. Et de coup de
pagaïe en coup de pagaïe, j’en
suis tombé amoureux. Je me suis
alors joint à l’Organisme du
Bassin Versant (OBV), celui qui
a une vue d’ensemble de la
condition de la patiente et est
donc le mieux placé pour
suggérer un traitement.
J’ai découvert au
sein de l’OBV qu’il y a un
nombre impressionnant d’acteurs
impliqués dans la question :
groupes environnementaux,
municipalités petites et
grandes, plusieurs MRC et
ministères, sur un territoire
vaste et varié qui s’étend des
contreforts des Appalaches
jusqu’au lac Saint-Pierre. Pas
facile d’harmoniser autant de
joueurs qui, chacun dans leur
cour, font de leur mieux pour
faire face à la musique en
répondant aux défis que pose
leur tronçon du long parcours de
la rivière.
Ah, mais ça tombe
bien, le premier mandat confié
par le gouvernement aux OBV en
est justement un de
concertation. De là découle la
décision de la dernière
assemblée générale d’organiser
des États généraux de la Yamaska,
un moment privilégié pour
accorder tous nos instruments et
jouer de concert. Un défi de
taille qui demande
l’encouragement du public.
Cet
encouragement, chacun peut le
démontrer : en lisant le
programme de l’évènement au
www.urgenceyamaska.net;
en y visionnant le petit film
très éloquent; en y signant la
pétition en ligne ou au bureau
de sa municipalité; en y allant
de ses idées et commentaires; en
faisant suivre l’adresse du site
à parents et amis; en discutant
de la question avec son comité
local, son conseiller municipal,
à chaque musicien de ce grand
orchestre; en applaudissant les
courageux qui monteront sur
scène pour donner la note et
partir le bal.
Je regarde à
nouveau la photo inspirante de
ma petite fille et son sourire
candide. Je ne suis pas
Haendel, mais j’aimerais bien
lui faire entendre une jolie
musique d’eau.
Normand Gagnon
Grand-père et Administrateur,
OBV Yamaska |