lundi 02 septembre 2013
Réplique à Victor-Lévy Beaulieu
qui s'en prend au gouvernement
Marois
par Robert
Barberis-Gervais
Le numéro de l’Aut’Journal
du 23 août 2013 nous donne
l’occasion de lire un texte de
Victor-Lévy Beaulieu intitulé :
« Les étudiants, la farce du
dindon péquiste ! » - L’Aut’Journal
(21 août 2013) Il est normal
qu’un écrivain fasse des
métaphores mais quand même ! On
supposait que l’écrivain de
campagne aimait les animaux. VLB
se livre ici à son sport préféré
depuis fort longtemps :« le PQ
bashing ».
En effet, Victor-Lévy Beaulieu a
toujours eu le Parti québécois
en aversion au point qu’il a
déjà suggéré de voter pour Mario
Dumont. Cette fois-ci, la
gouvernement Marois, mange une
raclée. Les anti-Marois ont dû
se régaler.
C’est dans la section COUPS DE
GUEULE de l’Aut’Journal.
Admettons que la polémique est
un genre littéraire qui implique
certains excès de langage. Mais
on peut quand même résumer
calmement les exigences qu’il
exprime envers le gouvernement
Marois, les critiques qu’il fait
et les examiner à froid. Ses
reproches sont-ils fondés ?
Selon l’amateur
de Nietzsche, le gouvernement
Marois devrait passer une loi en
faveur du droit de grève des
associations étudiantes ; ce
gouvernement aurait dû offrir
« l’amnistie pour toutes celles
et tous ceux qui furent arrêtés,
presque toujours de façon
arbitraire, durant les
manifestations étudiantes ! » et
devrait modifier « les
règlements
anti-manifestations ». Parce
qu’il ne l’a pas fait, il est à
blâmer.
C’est un point de
vue qui se défend. On sait que
VLB est un grand stratège et
qu’on devrait l’écouter pour
fixer les priorités du
gouvernement : le fait qu’il
soit minoritaire est un détail à
rejeter du revers de la main. On
est ici dans l’absolu de la
réprimande. Pourquoi
s’embarrasser de tels détails !
Et pourquoi se demander s’il ne
pourrait pas y avoir d’autres
priorités ?
Puis, emporté par
la colère, VLB dérape. Parce
qu’il y a eu un jugement contre
une association étudiante, il
exagère en écrivant que le
gouvernement Marois va « laisser
le système judiciaire plumer les
associations étudiantes » comme
si cinquante autres cas étaient
pour se présenter, ce qui
n’arrivera pas. Même si une loi
était votée promulguant le droit
de grève pour les associations
étudiantes, cela n’empêcherait
pas des étudiants qui ont été
privés de leurs cours pendant le
printemps érable de réclamer le
remboursement de leurs frais de
scolarité. Cette loi n’aurait
pas d’effets rétroactifs. Un
juge a donné raison à un
étudiant qui a obtenu 1,600$ de
son association étudiante. Cela
devient un précédent. D’autres
étudiants vont faire la même
chose. Mais le juge va se baser
sur les lois en vigueur pas sur
celle que pourrait adopter le
Parlement actuel.
Puis, il écrit
« pas un mot sur les
revendications étudiantes » ce
qui est objectivement faux
puisque la loi libérale 78 a été
abolie et que l’augmentation
libérale des frais de scolarité
de 82% a aussi été abolie.
Il a écrit que
sur les revendications
étudiantes, le gouvernement a
fait « un virage à 180 degrés »
(ce qui est faux) comme « sur
l’écologie et les redevances
minières » ce qui n’est pas
vrai.
Sur l’écologie,
le gouvernement a prononcé un
moratoire sur le gaz de schiste
et fermé Gentilly 2. Ce n’est
pas parce qu’il a montré une
ouverture sur le pétrole (île
d’Anticosti, oléoducs) qu’on
peut dire qu’il a fait un virage
à 180 degrés. La même chose pour
les redevances minières, dossier
complexe qu’on ne peut pas
régler avec des coups de gueule.
Le dérapage
continue quand VLB appelle Léo
Bureau-Blouin « bébé Blouin »
qui serait complice de tous les
reculs du ministre de l’Education
Pierre Duchesne, reculs
imaginaires. Même pas un mot
pour le féliciter d’avoir donné
25% de son salaire à des
organismes de son comté. Il faut
être sans pitié pour "bébé
Blouin", un jeune qui fait
maintenant partie de la
bourgeoisie, et je cite, et « de
cette racaille qui siège au
Parlement québécois ». VLB est
tellement désagréable et
méprisant quand il parle de Léo
Bureau-Blouin qu’il nous donne
la tentation de lui suggérer de
donner 25% de la bourse Gilles
Corbeil de 100,000$ qu’il a
obtenue récemment pour
l’ensemble de son oeuvre. Mais
c’est une remarque "cheap" que
nous ne ferons pas car VLB n’est
pas seulement écrivain, c’est un
éditeur et aussi un animateur
culturel autour de
Trois-Pistoles. Comme écrivain,
éditeur et animateur, VLB mérite
notre respect même si son coup
de gueule est injuste et
inexact.
Le coup de grâce
est donné à Pauline Marois qui a
offert le comté de Viau à
Philippe Couillard au lieu de
laisser les citoyens décider.
« Et la démocratie, alors ?
Depuis quand ne laisse-t-on pas
au peuple le choix de choisir
qui il veut comme
représentant ? » Avec une
cohérence qui m’échappe, VLB
revendique que le peuple puisse
choisir son représentant,
c’est-à-dire quelqu’un qui fera
partie de « cette racaille qui
siège au Parlement québécois ».
Il faudrait savoir : les députés
sont-ils de la racaille ou de
dignes représentants du peuple
au Parlement de Québec, lieu par
excellence où s’exprime la
nation québécoise ?
Devant ces
dérapages et cette incohérence,
la métaphore du dindon et de la
farce tourne à vide. Tel est le
danger des coups de gueule. Ils
servent de défoulement mais
quand on les examine de près,
souvent ils ne tiennent pas la
route. C’est malheureusement le
cas de ce dernier texte de VLB
daté du 21 août 2013.
En constatant les
dérapages, les faussetés et les
exagérations grossières, ce
texte n’a-t-il pas été publié
seulement à cause de la renommée
de l’écrivain de
Trois-Pistoles !
Comme le chantait
Brassens : « Trompettes de la
renommée, vous êtes bien mal
embouchées ! »
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil, premier
septembre 2013
◦
p.s. J’ajoute la
remarque suivante.
Je
prends les devants. Je ne
voudrais pas qu’on dise que si
je critique VLB, c’est parce que
l’éditeur de Trois-Pistoles a
déjà refusé de me
publier.
Quelqu’un qui le
connaît bien et qui a lu « la
Gibelotte et autres essais » que
l’éditeur Bernard Frappier a
publié sur la Tribune libre de
Vigile prétend que j’ai trois
défauts rédhibitoires qui
s’additionnent contre moi aux
yeux de VLB : je suis un
enseignant retraité qui a un
doctorat en lettres ; je suis
péquiste depuis la fondation du
Parti québécois ; je suis
croyant et chrétien plus
précisément catholique.
J’ai
trouvé ce commentaire piquant et
vraisemblable. Mais je sais que
parfois mon style est un peu
lourd. Surtout pour ceux
(d’habitude ce sont des
fédéralistes) qui ne sont pas de
mon avis. Mais j’aurais quand
même aimé être publié en version
papier pour vivre de nouveau le
cycle de la production et de la
vente d’un livre comme je l’ai
vécu sept fois dans le passé. Je
me contente de la version
électronique sur Vigile, version
que j’ai modifiée car un essai,
une gibelotte, est perfectible à
l’infini.
A l'occasion de son
68è anniversaire de naissance
(il est né le 2 septembre 1945),
je lui souhaite une bonne santé,
de continuer à cajoler ses
animaux et d'être plus précis et
moins injuste dans ses coups de
gueule. "Tout ce qui est
excessif est sans portée."
(Talleyrand)
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 02 septembre 2013
barberis@videotron.ca
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