mardi 01 avril 2014
Y'en aura pas
de référendum
par Robert
Barberis-Gervais
Vous
souvenez-vous d'Olivier Guimond
dit Ti-Zoune junior qui faisait
la publicité d'une bière qui
rappelait les 50 buts de Maurice
Richard si bien chanté par
Pierre Létourneau. C'est sur
Youtube. Ça m'est revenu en
pensant au référendum qui est un
thème surexploité par les
Libéraux. C'est Olivier Guimond
souriant malicieusement qui
parle: «Tout ça pour vous dire
qu'y en aura pas de commercial.»
Et la publicité se terminait
par: «Lui, y connaît ça!» Suite
aux derniers propos de Pauline
Marois, on peut dire: «Y'en aura
pas de référendum!» et ajouter
avec une partisanerie de bon
aloi: «Elle, elle connaît ça!»
Dans une entrevue avec Patrick
White qui est publiée sur le
site web Huffington Post, lundi
le 26 mars, Pauline Marois a
dit:
«J'ai été très claire sur ça. Je
dis: je n'en veux pas de
référendum. Il n'y en aura pas
tant que les Québécois ne sont
pas prêts. Je ne bousculerai
personne. On ne va pas faire ça
la nuit. On ne va pas faire ça
en cachette. Si les gens ne
veulent pas que la question soit
posée : il n’y en aura pas (de
référendum).»
«Il faut être respectueux de
tous les Québécois et du rythme
des Québécois. À ce moment-ci,
l’enjeu ce n’est pas ça.
L’enjeu, c’est le choix d’un
gouvernement. Je vais mettre
l’accent sur ça. Pour ce qui est
de l’avenir du Québec, j’ai été
claire : il y aura un livre
blanc.»
Pendant le débat des chefs animé
par Pierre Bruneau, jeudi le 27
mars, François Legault a accusé
Philippe Couillard de ne parler
que de référendum. « Tout ce que
vous faites depuis le début de
la campagne électorale, c’est de
faire peur au monde », a-t-il
lancé. De son côté, le chef
libéral a blâmé Pauline Marois.«
Vous n’avez pas la franchise de
dire à la population que vous
allez l’enfermer dans le piège
du référendum dès votre arrivée
au gouvernement. »
Madame la première ministre a
répliqué: « Est-ce que les
Québécois en veulent un
actuellement ? Non ? Bien, il
n’y en aura pas. C’est tout,
c’est simple. Je suis une femme
capable d’écouter les Québécois.
»
La chef péquiste voulait
visiblement convaincre les
Québécois qu’il n’y aura pas de
référendum. Françoise David a
surpris en affirmant son
désaccord avec le chef libéral:
elle croit que si le PQ est élu,
« il n’y aura ni référendum ni
consultation. Il n’y en aura
pas, de projet de pays dans les
quatre premières années ».
Philippe Couillard et Françoise
David s'expriment selon ce
qu'ils perçoivent comme leurs
intérêts électoraux: mais ils
ont tort tous les deux. Si les
deux tiers des Québécois
continuent d'être contre le
référendum, peu importe la
raison, il n'y en aura pas. En
revanche, il y aura une
consultation sur l'avenir du
Québec: ça s'appelle un livre
blanc.
Je trouve que la position de
Pauline Marois est raisonnable
et je l'approuve.
Sur LCN, Jean-Marc Léger a dit
que son dernier sondage a été
fait sur trois jours. Les
chiffres du sondage sont une
moyenne des résultats de trois
jours. Le troisième jour,
dimanche le 23 mars, à partir de
1,000 réponses, le Parti
québécois se rapprochait des
libéraux : PLQ : 37% et PQ :
34%. De plus, le tiers de ceux
qui ont l'intention de voter
libéral pourraient changer
d'idée. Dans 27 comtés où les
francophones dominent, il y aura
des luttes à trois où le
candidat péquiste pourrait
gagner. La bonne performance de
François Legault au deuxième
débat des chefs pourrait faire
revenir certains caquistes au
bercail, eux qui songeaient à
voter libéral. De telle sorte
que c'est une bonne nouvelle
pour le Parti québécois. Si le
deuxième débat a une influence
sur les électeurs, ce ne sera
pas en faveur de Philippe
Couillard surtout qu'il a dit
trouver normal qu'un ouvrier sur
une ligne de montage dans une
usine sache parler l'anglais au
cas où un visiteur étranger
aurait besoin d'explications sur
le fonctionnement des machines.
S’il est vrai que 70% des
Québécois ne veulent pas de
référendum ; s’il est vrai que
depuis la profession de foi de
PKP, il a été tellement
convainquant que le référendum
est devenu le thème principal
qui expliquait la remontée de
Couillard, je soumets le
raisonnement suivant pour le
bénéfice de certains militants
du Parti québécois inquiets de
la tournure des événements. Une
publicité récente du Parti
libéral confirme notre analyse
car elle met l'accent sur
l'épouvantail du référendum.
Le flou artistique sur le
référendum pourrait causer la
défaite du Parti québécois :
alors, avec le PLQ au pouvoir,
il n’y en aura pas de référendum
et on ne sera pas plus avancé.
On aura offert sur un plateau
d'argent l'Etat québécois aux
Libéraux.. Donc il vaut mieux
que Pauline Marois dise
carrément : puisque 70% des
Québécois ne veulent pas de
référendum, il n’y en aura pas.
Et c'est ce qu'elle vient de
dire. Et le Parti québécois
pourra se donner une chance de
gagner les élections.
Pourquoi? Parce qu'on parlera
des vraies affaires. Est-ce
qu'on veut revenir à Jean-Marc
Fournier, Sam Hamad, Christine
St-Pierre, Pierre Paradis,
Gaétan Barrette et compagnie
comme ministres? Les vraies
affaires, c'est l'équipe du
Parti québécois qui a déjà fait
ses preuves en 18 mois à peine.
A cette équipe, il faut ajouter
une douzaine de nouveaux
candidats de qualité dont Pierre
Karl Péladeau. Dans l'entrevue
au Huffington Post, Pauline
Marois a dit: «L’arrivée de M.
Pierre Karl Péladeau est une
heureuse nouvelle pour le
Québec. Depuis le départ, j’ai
toujours pensé ça. C’était
inespéré quant à moi qu’un homme
de cette envergure choisisse de
venir servir le Québec et à
l’intérieur de notre parti»,
ajoutant qu’elle n’a pas peur
que PKP veuille prendre sa place
à la tête du PQ. «J’aime ça
m’entourer de gens forts»,
a-t-elle dit.
L'enjeu de cette élection, ce
n'est pas le référendum auquel
Couillard s'accroche comme à une
bouée de sauvetage. Enlevez-lui
cette bouée et on va voir qu'il
ressemble beaucoup à Jean
Charest. Les vrais enjeux, c'est
la Charte de la laïcité, c'est
une nouvelle loi 101, c'est un
gouvernement intègre qui agit
pour le bien commun et non pour
des intérêts privés.
Si l'hypothèque du référendum
est levée, si la chef péquiste
met davantage l'accent sur son
équipe et sur son programme en
particulier la Charte de la
laïcité et une nouvelle loi 101
comme elle l'a fait lors du
débat des chefs, ce n'est pas du
jovialisme de dire que tous les
espoirs sont permis.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mardi 01 avril 2014
barberis@videotron.ca
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