mardi 29 avril 2014
Gibelotte
post-électorale
par Robert
Barberis-Gervais
* Dès le début de la campagne,
la photo de la juge France
Charbonneau a dû être retirée de
la publicité mise en ligne sur
le compte twitter du Parti
québécois. «Rien n'a changé au
Parti libéral», titre l'annonce,
qui réunit des photos de 36
députés libéraux qui ont voté
onze fois à l'Assemblée
nationale contre la tenue d'une
enquête publique sur l'industrie
de la construction. Pendant
plusieurs heures, la publicité
du Parti québécois incluait une
photo de Mme Charbonneau, la
juge qui dirige la Commission,
dont les travaux ont été
suspendus jusqu'au mardi 8
avril, lendemain de la date des
élections provinciales. Mais
tard, la photo a été enlevée,
bien que le reste de l'annonce
soit demeuré intact.
Le message qui
est passé: la photo de France
Charbonneau ne pouvait être
utilisée à des fins partisanes
électorales. C'est le premier
incident qui annonçait un échec
global de la communication sur
un dossier en or: l'intégrité.
* La vidéo de la
toute première publicité de la
campagne électorale d'une
trentaine de secondes ne met en
vedette que la chef, Pauline
Marois. La majeure partie de la
publicité est consacrée aux
priorités du PQ qu'énumère Mme
Marois en voix hors champ alors
qu'on la voit marcher rapidement
dans un corridor. Elle part de
nulle part et ne va nulle part.
(Etait-ce symbolique?) «Gérer de
façon responsable, contrôler les
dépenses de l'État, soutenir nos
entreprises», peut-on entendre.
À la toute fin, la chef péquiste
s'adresse directement à la
caméra et affirme qu'elle et son
équipe sont «déterminées» à
créer «un Québec plus fort».
Avec une musique quétaine en
arrière-fond. Cette publicité
était drabe, complaisante et
sans efficacité. Elle n'a pas
donné un vote au Parti
québécois. C'était de l'argent
gaspillé.
* La routine de
la conférence de presse
quotidienne donnée à l'extérieur
par une Pauline Marois qui
gelait et qui perdait la voix,
en quoi était-elle obligatoire?
Pourquoi a-t-on accepté que,
pour la xième campagne
électorale, ce soit les
journalistes qui par leurs
questions fassent les nouvelles
et dictent l'agenda et que les
engagements électoraux du Parti
québécois passent au second
plan. Sur le plan des
communications, cette campagne a
été menée par des amateurs. On a
dit que l'équipe rassemblée par
Pauline Marois était de haute
qualité. On a déploré qu'elle ne
soit pas plus mise de l'avant.
Si tel est le cas, la faute est
à qui? Les deux débats des chefs
mettaient en évidence les chefs.
Mais pour le reste, qu'est-ce
qui obligeait Pauline Marois à
faire toutes les conférences de
presse quotidiennes et à être
constamment en avant et en
vedette?
* La stratégie?
D'abord la décision désastreuse
d'aller en élections pour le 7
avril alors qu'une CAQ affaiblie
aurait pu s'entendre avec le
gouvernement pour appuyer le
budget. Et la possibilité
d'adopter avant les élections,
la Charte des valeurs avec
l'appui de la CAQ, une charte
qui, le 7 avril, a mobilisé les
non-francophones et divisé les
francophones.
La stratégie, on
va sans doute nous apprendre un
jour qui l'a conçue. En tout
cas, Bernard Drainville a
affirmé qu'il était prêt à
s'entendre avec la CAQ sur la
Charte…si on lui en avait laissé
le temps. Et Jean-François Lisée
a écrit sur son blogue qu'il ne
faisait pas partie de la
présentation catastrophique de
la Charte qui a permis à
Philippe Couillard et Françoise
David de se porter à la défense
des pauvres femmes portant le
voile qui seraient congédiées si
la Charte était adoptée. Lisée
était en faveur du respect des
droits acquis pour les femmes
portant déjà le voile comme les
employées des garderies par
exemple:«la stratégie» l'a
empêché de le dire pendant la
campagne électorale. Au lieu de
cette clause grand-père humaine
et raisonnable, on a vu Pauline
Marois s'empêtrer dans la
recherche d'un emploi pour les
femmes congédiées. Alors, la
question: qui a été responsable
de la stratégie sur la Charte
des valeurs?
* Le premier jour
de la campagne électorale,
Pauline Marois a fait une
déclaration annonçant qu'il y
aurait un vote le 7 avril 2014.
Et elle a refusé de répondre aux
questions des journalistes. Cela
a donné l'occasion (ils n'en
avaient pas besoin) aux
journalistes d'être désagréables
et de ne jamais poser de
questions sur les engagements
politiques présentés lors du
point de presse quotidien mais
sur les à-côtés non contrôlés
qui feraient ensuite les
nouvelles. Lors de cette
première séance de questions qui
n'a pas eu lieu, Pauline Marois
aurait pu en profiter pour
exiger que lors des points de
presse les trois premières
questions devraient porter sur
les engagements du jour. Il
aurait fallu affronter les
journalistes au lieu de les
laisser faire la pluie et le
beau temps. Par ailleurs, on ne
sait pas pourquoi exactement il
n'y a pas eu de réponse aux
questions des journalistes en ce
premier jour. Pauline Marois
avait-elle un ou des problèmes
urgents à régler? Et lesquels?
* Au moment très
émotif des adieux de Pauline
Marois, il y a eu une seule
question en anglais posée par
Rhéal Séguin, un des
journalistes les plus vicieux du
Globe and Mail, spécialiste dans
l'art de faire dévier ou déraper
toute campagne électorale vers
la question nationale et le
référendum. Après le coup de
cochon que venait de lui faire
Radio-Canada et Martine Biron au
Télé-journal, la veille du vote,
qui lui ont fait faire en
anglais un appel au vote
francophone, après le vote
massif des non-francophones pour
le Parti libéral du Québec,
n'aurait-il pas été temps, en
cet instant solennel, que
Pauline Marois donne l'exemple
pour que tout le monde comprenne
qu'au Québec, la langue commune
est le français et que la langue
de travail est le français. Elle
aurait dû refuser de répondre en
anglais. De toutes façons, ces
journalistes anglophones qui
couvrent la politique québécoise
connaissent bien le français et
leurs questions en anglais ont
une intention politique, celle
de nous rappeler qu'on fait
toujours partie du Canada, pays
officiellement bilingue dont la
langue dominante est l'anglais.
Quand les hommes et les femmes
politiques du Parti québécois
seront-ils cohérents,
donneront-ils l'exemple et
appliqueront-ils dans leur
travail de politiciens la Charte
de la langue française? Quand
les élus du Parti québécois
feront-ils du français leur
langue de travail et leur seule
langue de travail?
* Sur
l'intégrité, Philippe Couillard
a tout de suite fait dévier le
débat et évité les questions sur
Arthur Porter, le privé en
santé, l'Arabie saoudite ou la
corruption du régime Charest
auquel il a participé, en
parlant de salissage ou de boue
lancée de telle sorte que tous
les suiveux de journalistes ont
parlé de campagne sale ou de
campagne dure et même Lucien
Bouchard, le coeur sur la main
et les sourcils froncés, a opiné
du bonnet. Mon Dieu, que c'est
une campagne sale. En
sous-entendu, ce n'est pas bien
de parler de corruption et, de
toutes façons, tous sont
corrompus sauf sainte Françoise.
Le chef du Parti
libéral, lui, n'a pas lancé de
boue: il a laissé faire
Radio-Canada et Alain Gravel
avec un affidavit anonyme contre
lequel Claude Blanchet ne
pouvait se défendre: vous ne
viendrez pas me dire que c'est
éthique de procéder comme l'a
fait Alain Gravel qui se prend
pour le cinéaste Jean-Pierre
Melville avec ses mises en scène
ridicules où des enveloppes
passent d'une main à l'autre
dans la pénombre. Vous me direz
qu'on peut se fier à Alain
Gravel. C'est oublier qu'il
travaille à Radio-Canada qui est
par mission officielle
anti-indépendantiste et
anti-péquiste, qui ne fait pas
de l'information objective mais
de l'information orientée ou
diluée dans le placotage des
commentateurs et qui emploie les
deux journalistes les plus
incompétentes et idéologiquement
orientées que je connaisse,
Anne-Marie Dussault et Martine
Biron. C'est beau la confiance,
mais rappelez-vous Sonia Lebel,
procureur chef de la commission
Charbonneau (qui emploie des
gens nommés par Jean Charest)
qui s'est entichée du témoin
Gilles Cloutier, un libéral
notoire et un mythomane qui a
inventé de toutes pièces une
histoire de chandail de hockey
de Jean Béliveau qui aurait été
donné à un maire et que sa femme
n'a jamais vu; qui a dramatisé
des rencontres avec un Hells
avec qui il faisait «de vraies
affaires». Ce témoin qui n'a
aucune crédibilité, libéral
notoire a attaqué un ministre
péquiste: Guy Chevrette. Je ne
sais pas si Guy chevrette est
blanc comme neige: tout ce que
je sais, c'est que son
accusateur n'a aucune
crédibilité. Or, il a été une
vedette de la commission
Charbonneau et Sonia Lebel le
portait sur la main.
* Les médias ont
neutralisé le thème de la
corruption et de l'intégrité.
Vous savez ce que disent les
anglophones quand on dit que le
Parti libéral du Québec est
corrompu: ils disent que ce ne
sont que des allégations, qu'on
n'a pas de preuve. C'est ce
qu'on appelle de la mauvaise
foi. Ils préféreront toujours un
corrompu (le maire Tremblay) à
un séparatiste ( Louise Harel).
C'est pourquoi François Legault
n'ira pas loin parce qu'il
n'aura jamais l'appui des
non-francophones. Tout ce qu'il
fait, c'est de diviser le vote
francophone et ainsi, il
affaiblit la nation québécoise.
Tous les journalistes ont
encouragé cette division en
faisant des éloges
dithyrambiques de François
Legault pendant la dernière
semaine de la campagne à cause
de sa prestation lors du
deuxième débat des chefs.
Lors de ce débat,
Legault a fait lourdement une
attaque mesquine contre Nicolas
Girard nommé PDG de l'Agence
métropolitaine de transport.
J'ai bien hâte de voir François
Legault protester contre les
nominations partisanes que
Philippe Couillard ne manquera
pas de faire et que Jean Charest
a fait par post-it et par
centaines en neuf ans. A LCN,
Luc Lavoie, qui est un faiseur
d'images et un gars de droite a
donné, en riant, elle est bien
bonne, dix sur dix à Françoise
David suite aux débats encore
une fois pour diviser le vote
anti-libéral en trois partis.
* En vertu des
nouvelles règles de financement
des partis politiques, avec les
résultats de l’élection de 2014,
le DGEQ bénéficie d’un montant
de 9 078 784,44 $ annuellement.
La grosse part du gâteau revient
au Parti libéral du Québec qui
recevra une allocation annuelle
de 3 782 902,50$, soit une
augmentation de 992 922,68$ de
plus qu’après l’élection de
2012, où il avait obtenu 31,27%
des votes contre 41,66% cette
année.
Le Parti
québécois ayant obtenu 25,47%
des votes cette année, contre
32.03% lors de l’élection de
2012, il recevra annuellement 2
312 502,59 $, soit une
allocation diminuée de 544
589,60$. A cette somme, il faut
ajouter les 100$ par individu
ramassés par le Parti québécois
chaque année: comme le PQ compte
90,000 membres, si la moitié
d'entre eux donnent 100$ par
année, cela donnera 4.5 millions
de plus au Parti québécois qui
en profitera, sans doute, pour
faire la promotion de son
option: l'indépendance du
Québec… Avec un budget annuel de
7 millions, Le Parti québécois
pourra expliquer à la population
les raisons de faire
l'indépendance et ainsi motiver
encore plus les donateurs
individuels de 100$. Il sera
ainsi indépendantiste avant les
élections afin de pouvoir l'être
avec élégance et efficacité,
sans faire de vagues, pendant
les élections...
Québec solidaire,
de son côté, recevra 695 670,40$
annuellement, soit 156 292,32$
de plus puisque la formation de
gauche a obtenu 7.63% des votes
soit 1.6% de plus qu'en 2012.
«Ça nous donne une aisance
financière. Ça nous donne plus
d’argent pour des projets et des
initiatives. […] C’est sûr que
ça va nous permettre d’avoir
plus de moyens en recherche, en
organisation et en logistique»,
a indiqué Andrés Fontecilla,
président et porte-parole de QS.
Avec ses nouveaux
moyens de recherche, QS évitera
peut-être de lancer des pétards
mouillés comme l'histoire de
l'incorporation d'entreprises de
Pierre-Karl Péladeau comme
Archambault et Videotron au
Delaware où sont incorporées
Jean Coutu, Gaz Métro, Power
Corporation, Desjardins et
Bombardier. Québec solidaire
voulait nuire à la candidature
de Pierre Karl Péladeau comme
Jacques Duchesneau qui a prédit
la défaite de PKP dans St-Jérôme
et qui recevra bientôt sa
récompense pour services rendus
à la cause libérale.
Est-ce que le
fait d'avoir plus d'argent
rendra Québec solidaire plus
honnête intellectuellement et
moins idéologiquement orienté et
borné? On peut en douter.
Conclusion
C'était une
gibelotte post-électorale pour
chasser les ondes négatives.
Pour sortir le mauvais comme on
dirait en langage populaire. Je
crois qu'il faut passer par là
pour voir clair et envisager le
présent et l'avenir avec
justesse. L'idée de base, c'est
qu'en politique, il n'y a pas de
fatalité: ou tu es conscient des
forces en présence et des
obstacles à franchir et tu
contrôles le message ou tu t'en
vas à la catastrophe. Ce sont
les hommes et les femmes qui
font l'histoire. Ou du moins qui
devraient essayer de faire
l'histoire au lieu de la subir.
Ce qui me frappe
le plus après cette terrible
défaite, c'est la cacophonie
médiatique qui corrompt la
démocratie et encourage le statu
quo. C'est la difficulté énorme
pour les forces du changement de
s'imposer dans un contexte où
une majorité francophone divisée
se heurte au blocage
systématique d'une minorité
anglophone et anglophile qui,
elle, n'est pas divisée mais
qui, au contraire, appuie
massivement à 93% le Parti
libéral du Québec. 29% des
francophones seulement ont voté
pour le Parti libéral. Si, le 7
avril 2104, 1,757,071 votes ont
été obtenus par le Parti libéral
du Québec soit 41.52% des votes,
58.48% des Québécois et
Québécoises n'ont pas voté pour
le Parti des Anglais et
assimilés soit plus de 2.4
millions d'électeurs. 71% des
francophones n'ont pas voté pour
le Parti libéral. Mais tant que
l'opposition francophone aux
libéraux sera divisée en trois
partis (PQ, CAQ, QS), le projet
indépendantiste sera très
difficile à réaliser. N'est-ce
pas pour cela que l'ami de Paul
Desmarais, Lucien Bouchard, a
encouragé François Legault à
fonder son propre parti après
avoir causé la création de
Québec solidaire!
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mardi 29 avril 2014
barberis@videotron.ca
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