vendredi 04 avril 2014
À drette …..
Par James
Morgan
À l’aube d’un
Québec qui flirte avec l’envie
de se donner un crochet du
droit, on se demande dans quel
fleuve cette fois-ci on va noyer
le poisson! Partout en Amérique
du nord, on siffle en regardant
ses pieds et on se demande quand
ça va péter, quand on va se
retrouver avec la crise sociale
qu’on se mérite pour avoir cédé
au charme d’une économie
totalement irresponsable et
irrévérencieuse pour le genre
humain.
On le sait à
droite, il y a le copinage,
l’avarice et à gauche le
gaspillage et l’improductivité.
Moi perso, ce que je souhaite
dans la plus grande utopie c’est
de me tenir droit et pile au
centre parce que je suis un
fervent démocrate et que je
crois que la félicité et la
liberté du peuple se retrouve
dans le bonheur du plus grand
nombre, soit au sommet de la
courbe normale.
Ceci étant dit
après presque 50 ans de varlope
de droite pas très drette, les
excès des inégalités sociales
frôlent la catastrophe. Henry
Ford, se cabrant au rythme du
berçant de sa rocking chair,
avait déterminé que pour que le
capitalisme fonctionne et
demeure un filon de prospérité
pour des siècles et des siècles,
l’échelle salariale moyenne
d’une entreprise devait
s’étendre dans des variantes
allant de 1 à 50 ou autrement
dit, le chef d’une entreprise
pouvait s’octroyer 50 fois le
salaire de son employé moyen.
Ainsi on pouvait indirectement
en déduire que pour augmenter
son propre salaire, le boss
devait d’abord augmenter le
salaire moyen sans toutefois
menacer la rentabilité et la
compétitivité de son business.
La
droite mondiale tend par
conséquent à se foutre de la
sagesse du Grand-père Ford et se
comporte en primate du vieux
monde
en
succombant à l’autophagie
avalant sa matière première; la
classe moyenne et son pouvoir
d’achat. Résultat, la croissance
économique mondiale en 2013 a
des allures de chaude pisse,
elle coule péniblement et sans
pousser, soit 1.7% aux USA, 1%
en Europe, 1.2% au Japon et
1.9% au Royaume-Uni.
Fin décembre
2013, c’est B. Obama lui-même
qui soulignait la donne « en
attribuant cette faiblesse de la
demande intérieure à
l’accroissement des inégalités
et au recul du pouvoir d’achat
de la classe moyenne. (Dev.
21/22 déc. 2013,C2) »
Au même moment,
l’Economic Policy Institute
résumait en 13 graphiques la
situation économique de l’année
2013. Gérard Bérubé du Devoir (
21/22 déc.14,C5) en proposait un
résumé fidèle dans lequel on
pouvait y lire entre autre ces 3
points suivants;
·
« la part des profits des
entreprises accaparée par les
actionnaires plutôt que
redistribuée aux employés
atteignait un sommet historique
à la fin du troisième
trimestre. »
·
« l’écart de la rémunération du
chef de la direction par rapport
à l’employé moyen atteint 273
pour 1. L’écart était de 20 pour
1 en 1965, et 100 pour 1 en
1992. Il a atteint son sommet de
383 pour 1 au plus fort de la
bulle des valeurs
technologiques. »
·
« Le déséquilibre se veut plus
encore entre la rémunération des
hauts dirigeants et celle des
travailleurs moyens. Ainsi 70%
des travailleurs américains ont
vu leur salaire réel stagner ou
baisser depuis 2012. »
En février 2014,
c’était l’ancien ministre du
travail sous Bill Clinton,
Robert Reich, qui interpellait
la nation arguant que « les
réformes sont moins risquées que
les révolutions. » en
soulignant la situation suivante;
« la classe moyenne fond, la
pauvreté augmente, les riches
s’enrichissent et l’argent
corrompt la démocratie. (Dev.8/9
Fév.2014,C2)»
À la mi-mars
2014, ce fut autour de la
directrice générale du FMI,
Christine Lagarde d’y aller de
ses observations; « C’est
simple, lorsque la distribution
des revenus est gravement
faussée, le rythme et la
viabilité de la croissance en
souffrent à long terme. Cela
débouche sur une économie de
l’exclusion et un gâchis de
potentiel à l’abandon. (Dev.
15/16 mars 2014,C4) »
C’est un contexte
qui habituellement même au
grabuge, la droite québécoise en
ce moment ne propose, sans aucun
scrupule, de changement de
philosophie. C’est toujours la
même formule qui se répète ad
nauseam; des jobs pour les plus
jeunes, de la santé pour les
p’tits vieux et de la richesse
pour les plus riches.
Alors que la
plupart des experts semblent
d’accord pour dire que la
réalité économique du Québec,
comme le disait récemment le
plus grand économiste de notre
nation l’éminent Jacques
Parizeau, a besoin d’un remède
de cheval. Ne serait-il pas
risqué de remettre ces mêmes
gens de droite au pouvoir en
sachant qu’ils s’évertueront à
ne proposer aucune réforme
pendant au moins cinq ans?
Vous savez
l’embâcle anti-révolution érigé
minutieusement par ceux à qui
profite le système actuel peut
fondre à tout moment. En lisant
et cernant les propos de Robert
Reich, on pouvait aisément en
déduire que s’il n’y a pas de
grabuge dehors c’est parce que
les emplois sont tellement
précaires que la dénonciation de
conditions de travail injustes
devient des plus risquée surtout
où la puissance syndicale n’est
plus. Autre constat, la jeunesse
tellement endettée n’a plus les
moyens de rêver à un monde
meilleur et de le revendiquer
haut et fort. Et dernièrement,
le cynisme envers la chose
politique permet une réduction
de la confiance des citoyens
envers l’état pour changer
vraiment les choses, il y a là
une brisure qui pousse au
désespoir.
Avant de voter ou
pire de vous abstenir de voter,
considérer ces mots de cet
économiste français, Thomas
Piketty; « il faut se méfier
de tout déterminisme économique
en cette matière; l’histoire de
la répartition des richesses est
toujours une histoire
profondément politique et ne
saurait se résumer à des
mécanismes purement
économiques. (Dev. 15/16
mars 2014)». Telle était
la conclusion de son imposante
et réputée histoire du partage
des richesses, Le capital du
XXI’ème siècle.
James Morgan
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