mercredi 31 décembre 2014
Êtes-vous
islamophobe?
Une question de respect et de
savoir-vivre élémentaire par
Robert Barberis-Gervais
Chez Métro deux jours après
Noël, au comptoir des viandes.
Un employé pousse un chariot
plein de viandes diverses à
placer aux endroits appropriés.
Je lui pose une question sur la
différence entre la viande
hachée mi-maigre et maigre. Il
me répond. Je lui dis: «Vous
avez un accent». Je suis
péruvien dit-il. Il voit que
j'ai le goût de jaser et
aimablement fait une pause. Je
lui fais le récit que vous allez
lire. Il me dit: "Nous, dans ma
famille, quand un Québécois est
présent, on parle français et
si on se met à parler espagnol
entre nous, on traduit en
français pour que le Québécois
participe à la conversation.
C'est une question de respect."
Et on se met à parler du film Le
Parrain où Marlon Brando répond
à quelqu'un qui lui demande une
faveur: "Est-ce que je sens le
respect? Là on rit et je lui dis
que je suis d'origine italienne.
On se serre la main
chaleureusement comme si on
était des amis de longue date.
Qu'est-ce que j'ai raconté à ce
Péruvien qui, comme diraient
Jacques Ferron et Victor-Lévy
Beaulieu (avez-vous participé à
sa campagne de financement qui
est rendue à 100,000$?) s'est
enquébécoisé?
Je lui ai raconté ce qu'une
jeune Québécoise a vécu
récemment. Mariée à un Marocain,
elle l'a accompagné à une visite
à ses parents en banlieue de
Paris. Lors d'une réunion de
famille, les femmes rassemblées
à part ont engagé une
conversation en arabe comme si
la Québécoise n'avait pas été
là. Humiliée, elle est sortie
prendre une marche avec son
bébé. Ce n'est pas de sitôt
qu'elle accompagnera son mari en
voyage. Autre mésaventure. Le
même couple a invité les parents
marocains du mari à venir passer
une semaine. Des amis de la
famille se sont réunis et les
femmes entre elles ont parlé
arabe comme si le Québécoise qui
les recevait n'existait pas.
Pourtant, elle était chez elle.
Elle est allée encore une fois
prendre une marche.
C'est bien beau les grandes
théories de Gérard Bouchard sur
l'interculturalisme et le
partage des meilleurs des
éléments de chaque culture. Mais
il faut être deux pour
communiquer et partager. Entre
les savantes théories et la
réalité, il y a parfois un
abîme.
Quelqu'un qui déplore le
comportement de ces femmes
arabes est-il islamophobe?
Avez-vous des histoires à
raconter sur le même sujet?
Vive le Pérou, les Péruviens et
Boucar Diouf.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mercredi 31 décembre 2014
barberis@videotron.ca
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