mercredi 12 février 2014
Zizanie au
sein des libéraux provinciaux
par Robert
Barberis-Gervais
Il y a des
signes qui ne mentent pas. Il
fallait lire le langage corporel
de Philippe Couillard lors de sa
conférence de presse lundi le 10
février 2014. A une question
d’un journaliste sur la
responsabilité du Parti libéral
de Jean Charest suite au constat
de Jacques Parizeau sur
l’économie québécoise, l’ami du
Dr Arthur Porter a répondu en
parlant du Plan Nord et du
gouvernement "toxique" et a dit
de manière cassante : "Autre
question ?" Avec Pierre Paradis
agissant comme une plante verte.
Voilà que l’intervention de
Jacques Parizeau qui était
interprétée dans l’avant-midi
comme devant mettre le
gouvernement dans l’embarras se
tournait contre les Libéraux.
Et qu’en
soirée Nicolas Marceau, le
ministre des finances, donnait
raison à Parizeau en ajoutant
que le gouvernement avait
commencé à agir dans le sens
souhaité par l’économiste à la
retraite. Même Pauline Marois,
qui semble flotter sur un nuage
et est très à l’aise dans
l’exercice de ses fonctions,
après avoir félicité
chaleureusement les médaillés
olympiques et leurs familles,
trouva le moyen de tourner
positivement les propos de
Jacques Parizeau. Et Richard
Martineau de nous annoncer que
Martine Desjardins ne
participera plus à son émission
pour le moment parce que la
leader étudiante serait en
pourparler avec Pauline Marois
pour se présenter sous la
bannière du Parti québécois aux
prochaines élections.
Un rappel : La
contestation du leadership de
Pauline Marois s’est
cristallisée autour du projet
d’aréna de Québec. Quatre
députés ont démissionné pendant
que la nervosité se manifestait
au sein de la députation
péquiste. Bernard Drainville,
inquiet, se lança dans une
grande consultation de la base
péquiste. Pauline Marois est
passée à travers l’épreuve mais
si je rappelle ce passé, c’est
que le même climat de nervosité
pour employer un euphémisme se
manifeste actuellement chez les
libéraux provinciaux.
Il y a eu la
démission de Fatima Houda-Pépin
précédée de l’épisode
rocambolesque du tchador où on a
constaté l’extrême maladresse du
député de Lafontaine Marc
Tanguay qui poussa jusqu’à
l’absurde la position légaliste
du Parti libéral sur la Charte
de la laïcité.
Hier, la
réputation de discipline du
Parti de Jean Charest a volé en
éclats suite à la déclaration du
député de Verdun Henri Gautrin
selon laquelle le Parti
québécois obtiendrait la
majorité lors des prochaines
élections. Et le communiqué du
même député s’excusant auprès de
ses collègues, communiqué qui a
sans doute été obtenu sous la
torture.
Ce jour-là, on
nous apprenait que les
conservateurs fédéraux qui ont
leurs propres sondages prévoient
un gouvernement Marois
majoritaire suite aux prochaines
élections.
Une courte
introduction avant de parler du
dernier signe de zizanie qui a
échappé aux observateurs. Le
Parti libéral a vécu une course
à la chefferie où se sont
affrontés Philippe Couillard,
Raymond Bachand et Pierre
Moreau. La députation libérale
était donc divisée en trois
camps. Il y a des députés qui
ont gagné et d’autres qui ont
perdu. Comme le leadership de
Philippe Couillard est faible,
il doit être difficile aux
perdants de se rallier au
nouveau chef.
Lundi, le 10
février 2014, se tenait une
commission parlementaire sur les
dépenses inappropriées de
Charles Lapointe,le pdg de
Tourisme Montréal. Au moment de
l’audition du témoin Jacques
Parisien, président du CA de
Tourisme Montréal, c’est Sam
Hamad qui présidait la
commission. Au moment où un
député péquiste posait des
questions, Sam Hamad
l’interrompit trois fois pour
exiger qu’il s’adresse à lui, le
Président, plutôt qu’au témoin.
Le député péquiste a failli
attraper un torticolis en se
tournant continuellement de
gauche à droite pour poser ses
questions. C’était évidemment
partisan et niaiseux de la part
de Sam Hamad mais il n’y avait
pas de quoi s’étonner puisque
c’est son comportement habituel.
Cela a créé néanmoins un malaise
car avant cette intervention du
Président, tout se déroulait
bien. C’est la suite qui est
étonnante.
Pendant qu’une
députée libérale posait des
questions à monsieur Jacques
Parisien, on changea de
président d’assemblée et la
députée libérale de Soulanges
Lucie Charlebois dit
substantiellement ceci : enfin,
on va pouvoir fonctionner
intelligemment et on va pouvoir
s’adresser au témoin. Cette
critique virulente de Sam Hamad
a quand même une signification.
Après Henri Gautrin qui laisse
entendre que Philippe Couillard
est un mauvais chef puisqu’il a
dit que le Parti québécois
serait majoritaire voilà que
Lucie Charlebois dit
pratiquement qu’un des
lieutenants de Philippe
Couillard Sam Hamad est stupide.
Et même une libérale comme
l’ex-juge de la Cour suprême
Claire l’Heureux-Dubé est
extrêmement déçue de la position
de Philippe Couillard sur la
Charte de la laïcité.
De cette
zizanie et de cette faiblesse de
Philippe Couillard Jean Lapierre
se réjouit : il espère que
Pauline Marois en profitera et
déclenchera bientôt des
élections. Moi aussi.
Suite au
dernier sondage Léger, le
Journal de Montréal a fait un
gros titre en première page de
son édition du lundi 20 janvier
2014 : « Le PQ majoritaire »
avec une photo de Pauline Marois.
J’ai encadré cette page
frontispice et elle trône à
l’honneur en bonne place dans
mon bureau.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mercredi 12 février 2014
barberis@videotron.ca
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