lundi 03 février 2014
Éloge d'Elaine
Zakaïb et du Fonds de solidarité
Par Robert
Barberis-Gervais
Somme toute,
au-delà des dossiers toxiques et
de l’obsession sur Tony Accurso,
les quatre jours de témoignage
de Michel Arsenault devant la
Commission Charbonneau nous
auront donné l’occasion d’un
cours sur l’économie du Québec
et la social-démocratie. Tout le
monde a pris conscience du rôle
important qu’a joué le Fonds de
solidarité de la FTQ qui, en 50
ans, a sauvé ou créé 500,000
emplois, en est rendu à un actif
de 9.7 milliards et compte
625,000 actionnaires-épargnants.
Les PDG de cette « success story
» ont été Claude Blanchet
(1983-1997), le mari de Pauline
Marois, Raymond Bachand (
1997-2006), ex-ministre libéral
et Yvon Bolduc (2006 à
aujourd’hui). La juge France
Charbonneau qui a eu beaucoup de
difficulté à comprendre que le
Fonds, malgré les crédits
d’impôt, n’est pas un organisme
public, a admis que c’était une
bonne institution. On a appris
la notion de « capital patient »
qui n’a pas pour but le seul
rendement mais veille aussi au
maintien ou à la création des
emplois. On a aussi compris
qu’il ne faut pas confier le
Fonds à des spéculateurs qui ont
conduit à la faillite d’autres
fonds de travailleurs ailleurs
au Canada et qui ont fait perdre
40 milliards à la Caisse de
dépôt lors de l’épisode toxique
de Papiers commerciaux adossés à
des actifs (PCAA)... actifs qui
n’existaient pas.
Lors d’une conversation
enregistrée par la police,
Elaine Zakaïb alors PDG des
fonds régionaux du Fond de
solidarité a reçu un téléphone
du président de la FTQ et
président du Fonds de solidarité
Michel Arsenault. Elle en a
profité pour déplorer que
certaines demandes
d’investissements aient été
bloquées semble-t-il au profit
de Tony Accurso. A cette
occasion, elle a dit à propos
des conflits entre Jocelyn
Dupuis et Jean Lavallée : «
moins j’en sais, mieux je me
sens ». La situation se serait
améliorée et même réglée
puisqu’à l’occasion de
rencontres avec Michel
Arsenault, Elaine Zakaïb n’a
plus parlé de ce problème.
La libérale Lise Thériault qui a
voté onze fois contre des
motions présentées par le Parti
québécois ou un autre parti
d’opposition à l’Assemblée
nationale en faveur d’une
enquête sur le monde de la
construction en a profité pour
tenter de salir la réputation de
la ministre, députée de
Richelieu. Le « moins j’en sais,
mieux je me sens » a été déformé
et généralisé : la ministre
était coupable de faire comme
l’autruche qui se met la tête
dans le sable et refuse de voir
les énormes problèmes de
fonctionnement du Fonds. Si Mme
Zakaïb mène son ministère ainsi,
ce doit être beau a-t-elle dit
essentiellement. Et elle a
ajouté : « Madame Marois doit
lui enlever son ministère ou
bien la ministre doit elle-même
démissionner ».
L’ancienne ministre libérale du
Travail, fidèle disciple de Jean
Charest, s’est ridiculisée en
tentant de faire une tempête
dans un verre d’eau. Ah oui,
j’oubliais de mentionner
tellement c’est loufoque qu’elle
a reproché à Elaine Zakaïb de ne
pas avoir appelé la police.
Cette passion justicière a été
prolongée par l’avocat toxique
du Parti libéral Me Michel
Décary dont on se demandait à
chacune de ses questions s’il
aurait assez de souffle pour se
rendre jusqu’au bout de sa
phrase et qu’on a enduré pendant
au moins une heure.
Suite à cette tentative libérale
de ternir la réputation d’une
ministre péquiste, Michel
Arsenault en a profité pour
réparer cette injustice en
faisant l’éloge d’Elaine Zakaïb.
A la commission Charbonneau
jeudi le 30 janvier 2014, en
répondant aux questions de
l’avocate du Parti québécois Me
Estelle Tremblay, il a affirmé
que sous la direction d’Elaine
Zakaïb de 2004 à 2012, les fonds
régionaux qui étaient
déficitaires sont devenus
rentables. Cette remise des
pendules à l’heure faisait
plaisir à entendre. Intègre et
compétente, Elaine Zakaïb est la
digne fille de sa mère qu’on
appelait avec respect madame
Zakaïb qui a enseigné pendant
trente ans la bureautique au
collège de Sorel-Tracy.
Tout cet épisode a montré le
manque de sérieux du Parti
libéral qui est prêt à dire
n’importe quoi pour faire
oublier que son chef Philippe
Couillard n’est pas à la
hauteur, lui dont la dernière
trouvaille est de se cacher
derrière le crucifix de
l’Assemblée nationale « pour
obtenir des votes dans les
régions » ainsi que l’ont dit
avec une candeur touchante des
députés libéraux au sortir d’un
caucus sans Fatima Houda-Pépin
qui n’aurait sûrement pas
approuvé cette tentative de
diversion.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 03 février 2014
barberis@videotron.ca
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