lundi 02 juin 2014
La Ferrari
signale-t-elle la fin de la
carrière politique de Pauline
Marois?
par Robert
Barberis-Gervais
Pour ne pas faire
le jeu des adversaires et pour
des raisons stratégiques, comme
Pauline Marois était le chef du
Parti québécois et première
ministre du Québec dans un
gouvernement minoritaire, nous
avons mis de côté nos réserves
et nous l’avons appuyée.
Quand on observe la carrière des
hommes et des femmes politiques
en France, on constate leur
ténacité : leur carrière
politique ne prend jamais fin.
Ce sont des professionnels de la
politique. Comme Jacques
Parizeau, Lucien Bouchard,
Bernard Landry et Gilles Duceppe
qui ne manquent pas une occasion
d'intervenir dans le débat
politique. Ils l'ont fait
récemment sur la Charte des
valeurs et certainement pas pour
appuyer Pauline Marois: en fait,
ils lui ont nui et ils sont une
des causes de la défaite du
7avril.
Ainsi, en France, après
plusieurs défaites, François
Bayrou a été élu maire de Pau.
Ségolène Royal est maintenant
ministre dans le gouvernement de
Manuel Vals. On parle toujours
du retour possible de Nicolas
Sarkozy. Il y a seulement
Dominique Strauss-Kahn qui,
semble-t-il, ne se relèvera pas
de ses frasques et de ses
idiosyncrasies. Qu'en est-il de
Pauline Marois:
s'impliquera-t-elle de nouveau
dans le débat politique?
Je songeais à tout cela et aux
causes de la défaite de 7 avril
(j'y reviendrai) quand une
nouvelle est apparue sur
canoé.ca, actualités. « Pauline
Marois pourra rouler en Ferrari
».
Le 24 mai, Jean-François
Cloutier, aidé de Michel Morin
qui ne cesse d'attaquer
Hydro-Québec, affirme que « le
mari de Pauline Marois, Claude
Blanchet, s’est offert une
rutilante Ferrari rouge peu de
temps après la défaite de son
épouse à l’élection provinciale
du 7 avril. Pauline Marois
pourra peut-être trouver un
certain réconfort à rouler dans
une luxueuse voiture sport qui
se détaille environ 350 000 $
l’unité. Il n’a pas été possible
de joindre Claude Blanchet à ce
sujet, mais trois sources
distinctes ont confié à « Argent
» que l’homme d’affaires s’était
porté acquéreur d’une voiture
Ferrari de couleur rouge dans
les dernières semaines. La
voiture a été achetée au
concessionnaire Ferrari Maserati
Québec, situé rue Jean-Talon
Ouest à Montréal. Il s’agit du
seul concessionnaire Ferrari au
Québec. »
Il y aurait environ mille
propriétaires de Ferrari au
Québec dont Guy Laliberté et la
famille Saputo.
Avec un tel étalage de richesse,
on comprend pourquoi Pauline
Marois a pu renoncer à sa prime
de départ de 181,000$ comme elle
l’avait promis.
Est-ce que l’achat de cette
rutilante Ferrari rouge vif,
couleur de l’ennemi, signale la
fin de la carrière politique de
Pauline Marois? Une chose semble
certaine, c'est que si Pauline
Marois n'avait pas été battue
dans son comté, Claude Blanchet
ne se serait pas acheté une
Ferrari. Certains personnes
prétendent que cette histoire de
Ferrari est du potinage: je ne
suis pas de cet avis. Elle pose
le problème des rapports des
Québécois avec la richesse et
singulièrement des tourments que
cette question a causés à la
femme politique qui s'est fait
battre à plate couture le 7
avril.
Sur son blogue du 24 mai dans le
"Journal de Montréal", Lise
Ravary a écrit que " Pauline
Marois était coincée entre ce
qu’elle est, une femme très
riche et l’image d’une femme
ordinaire qu’elle devait
projeter. Maintenant, elle et
son mari sont libérés. Mais
est-ce que cette dichotomie a
nui à son image ?" Lisons la
conclusion qui est fort
intéressante:
"Cette nouvelle, qui n’en est
pas une, met en lumière les
contradictions de l’ancienne
première ministre. Quand on
essaie d’expliquer la défaite du
Parti Québécois, à ce jour on a
coupé court à la critique du
style Marois, de son image
publique. Mais je suis persuadée
que plusieurs Québécois
ressentaient qu’il y avait
quelque chose de pas net chez la
première ministre.
Pas dans le sens de malhonnête,
mais d’ambigu. On lui a souvent
reproché de ne pas avoir l’air
authentique, sincère. Que son
discours ampoulé cachait une
autre personne. Pensons-y,
Pauline Marois a toujours
cultivé l’image d’une femme
«ordinaire» alors qu’elle est en
fait une richissime bourgeoise.
J’aurais préféré une Pauline
Marois qui s’assume. Comme le
fait son mari avec sa Ferrari."
Un vieux sage sorelois à qui on
demandait d’expliquer pourquoi
de nombreux Québécois étaient
incapables de suivre Pauline
Marois et de l’appuyer répondit
: elle a de l’argent et nombreux
sont les envieux. Sachant cela,
« La Presse » a multiplié les
reportages en principe anodins
sur les transactions
immobilières du couple Blanchet-Marois
qui montraient leur richesse…
Est-ce que les Québécois seront
envieux à l’égard d’un autre
millionnaire Pierre-Karl
Péladeau ? Non, répondrait le
vieux sage sorelois, parce que
c’est un homme, lui, pas une
femme. Avez-vous vu des
reportages sur la maison de
Wesmount de Jean Charest,
millionnaire par pont d’or, ou
la maison de François Legault,
un autre millionnaire par la
vente de Transat ? Non, vous
n'en avez pas vu. C'est bien
dommage parce la révélation du
salaire de 75,000$ au noir de
Jean Charest chaque année
pendant dix ans aurait été une
bonne occasion de décrire le
train de vie du chef du Parti
libéral. Et de se demander
pourquoi Jean Charest était
régulièrement invité au domaine
Sagard de Paul Desmarais. La
réponse à cette question se
trouve sur la "Tribune libre" de
Vigile.net dans mon article: "Le
pont d'or de Jean Charest" (22
mai 2014).
Que Claude Blanchet s’achète une
Ferrari, c’est maintenant une
transaction privée. On pourrait
dire que ce n'est pas de nos
affaires. Sans doute mais
comment ne pas faire remarquer
qu'avec la défaite de Pauline
Marois, l’époque du modeste
petit chalet à St-Irénée est
bien terminée. Comme disent les
Italiens qui ont créé la
Ferrari: finita la commedia ! Ce
n’est pas moi qui m’en
plaindrai.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 02 juin 2014
barberis@videotron.ca
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