jeudi 16 avril 2015
D'où vient le
déficit péquiste de 7.2
milliards?
par Robert
Barberis-Gervais
Vous ne l'avez peut-être pas
remarqué mais à Tout le monde en
parle le 11 avril, le grand
responsable des coupures dans le
gouvernement Couillard Martin
Coiteux a dit comme ça en
passant: "Si on n'avait rien
fait, le déficit aurait été de
7.2 milliards". Guy A Lepage
non plus n'a rien vu. Cela a
passé comme du beurre dans la
poële. Il a fait comme
Anne-Marie Dussault : il a lu
ses questions déjà préparées
d’avance sans tenir compte des
réponses du président du Conseil
du trésor. Guy A Lepage fait
semblant de poser des questions
difficiles mais il donne
rarement suite. Il accepte
n’importe laquelle réponse. Il y
a rarement une suite du genre :
"Oui mais…". Alors de belles
occasions d'aller plus loin dans
l'information sont perdues.
Par exemple, il aurait pu
demander à Martin Coiteux où il
avait pris ce chiffre-là de 7.2
milliards qui servait à
justifier l'austérité libérale
et toutes ces mesures qui
nuisent considérablement aux
régions comme il a été
clairement démontré sur le site
Sorel-Tracy Magazine qui donne
la parole aux leaders régionaux
de Sorel-Tracy qui nous
informent des conséquences des
coupures dans les CRE et les CLD.
Essayons de répondre à la
question: d'où vient ce 7.2
milliards qui serait l'héritage
péquiste aux libéraux? Pour
corser les choses, rappelons que
Martin Coiteux n'est pas le seul
à avoir sorti ce chiffre.
Le 7.2 milliards de déficit,
c'est ce qu'on appelle une ligne
libérale qui provient du bureau
du premier ministre et qui est
répétée par tous les ministres.
Philippe Couillard s'est fait
accuser par les péquistes de ne
pas avoir respecté sa promesse
électorale d’augmenter les
tarifs des garderies au seul
niveau de l’inflation, il a
répondu : "Avec le déficit de
7.2 milliards que vous nous avez
laissé, on n’avait pas le
choix." François Blais s'est
fait reprocher d’avoir coupé les
budgets des achats de livres, il
répondu: "Il faut donner 15
minutes par jour pour le lecture
des livres qu’on a déjà. Et
n’oubliez surtout pas, le
déficit péquiste de 7.2
milliards." Et Gaétan Barrette a
justifié de la même façon le
taux rachitique de croissance
des dépenses en santé du budget
Leitao et de la croissance de
0.7% de dépenses en éducation.
Ainsi donc le 7.2 milliards de
déficit est un chiffre qui sert
de base au plan de communication
libéral pour expliquer et
justifier les compressions
budgétaires à faire.
C’est un classique de blâmer le
gouvernement qui a précédé. Mais
d'où vient ce chiffre? C'est le
Vérificateur général qui est
arrivé à un déficit de 5.6
milliards pour 2104-2015. Et
l’an prochain avec un
gouvernement péquiste, il aurait
été de 7.2 milliards. Ces
milliards de déficits péquistes
s’appuient sur une croissance
des dépenses de programmes d’au
moins 7,1 %. Or, le PQ a bouclé
l’exercice 2012-2013 par une
croissance limitée à seulement
1,2 %, du jamais vu depuis les
années 1990. Personne ne croira
que si le PQ avait été au
pouvoir, il aurait laissé faire
une croissance des dépenses de
7.1% C’est pourtant là-dessus
que le Vérificateur général qui
est supposé être un
fonctionnaire objectif et non
partisan s’est basé pour arriver
à un déficit de 5.6 milliards en
2013-2014 et de 7.2 milliards en
2014-2015. C'est comme si il n'y
avait aucun gouvernement et que
chaque ministère pouvait
dépenser sans contrôle avec un
taux de croissance de 7.1%
Comprenez-vous maintenant
pourquoi à chaque fois qu'un
ministre libéral sort ce chiffre
de 7.2 milliards à l'Assemblée
nationale, ça choque beaucoup
Stéphane Bédard qui comme
Président du conseil du Trésor a
maintenu à bout de bras un taux
de croissance des dépenses de
1.2% et Nicolas Marceau,
ministre péquiste des finances.
Les faits prouvent que pour
justifier ses mesures
d'austérité, le gouvernement
libéral provincial base toute sa
communication en s’appuyant sur
un chiffre faux. A mon avis, le
gouvernement Couillard gagnerait
en pertinence en parlant des
vrais chiffres plutôt que
d’exagérer la réalité budgétaire
pour ne pas prendre la
responsabilité des coupures.
Les économistes de renom Pierre
Fortin et Jacques Parizeau ont
raison de dénoncer le rythme des
coupures et l’ampleur des
coupures libérales. La
population approuve la recherche
de l'équilibre budgétaire mais
pas au prix de l'affaiblissement
de la vie économique des
régions.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
jeudi 16 avril 2015
barberis@videotron.ca
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