jeudi 03 décembre 2015
Conte d'hiver:
c'est la faute à Couillard-Coiteux
par Robert
Barberis-Gervais
Nous allons
illustrer par un exemple les
conséquences de la politique
d'austérité du gouvernement
Couillard-Coiteux. Et montrer la
justesse d'un adage popularisé
par Tip O'Neill qui fut Speaker
of the House des Etats-Unis:
"all politics is local". La
politique, concrètement, se
situe au niveau local.
Dans le Vieux-Longueuil, il y a
20 patinoires extérieures pour
jouer au hockey en plein air y
compris la patinoire
Bleu-Blanc-Rouge installée
l'année dernière et financée par
le club de hockey les Canadiens.
Jadis, c'était les cols bleus
qui s'occupaient de la
surveillance et de l'entretien
des patinoires. Les cols bleus
gagnaient un minimum de 20$ de
l'heure. Pour sauver de
l'argent, la ville de Longueuil
confia à des organismes de
Loisirs l'administration de ces
patinoires. Les organismes
s'occupaient des paies et des
avantages sociaux, la paperasse
quoi: en échange, ils pouvaient
puiser dans le budget
supposément réservé aux
patinoires. Cette entente
plaçait les organismes de
loisirs en conflit d'intérêts
car moins les services étaient
rendus pour les patinoires, plus
les coffres des organismes de
loisirs se remplissaient et
pouvaient servir à d'autres
fins. C'est la Ville de
Longueuil qui est responsable
d'avoir placé les organismes de
loisirs dans cette situation
flagrante de conflit d'intérêts.
A Armand-Racicot, il y a trois
patinoires, deux pour le hockey
et une en cercle pour les femmes
et les enfants pour le patinage
libre. Le hockey est très
populaire. Tous les soirs de la
semaine et les samedis et
dimanche après-midi, sur la
grande patinoire, des parties de
hockey se jouent à douze contre
douze ou même quinze contre
quinze sans mise en échec à la
Gretzky et la plupart du temps
sans gardiens de buts habillés.
Sur la petite patinoire, c'est
huit contre huit la plupart du
temps.
La tradition était maintenue par
des vétérans de 30 à 70 ans qui
jouaient à ce parc depuis
toujours et qui entraînaient les
jeunes dans ce tourbillon de
hockey avec un esprit sportif
sans pareil: une vive
compétition sans chicane
existait. Ce qui devait arriver
arriva. Un organisme de loisirs
engagea un jeune au tarif
horaire de la moitié des cols
bleus qui n'arrosa les
patinoires que trois ou quatre
fois la semaine. Les joueurs
protestèrent car l'achalandage
exigeait un arrosage chaque soir
de la semaine.
Ces protestations conduisirent à
un article publié dans le
«Courrier du Sud» intitulé:
«services inadéquats aux
patinoires Armand-Racicot». Cet
article alerta des
fonctionnaires de loisirs. Le
comité de la patinoire comptait
en son sein un écriveux. Danger.
Une réunion eut lieu puis une
autre jusqu'au moment où
l'organisme de loisirs comprit
le message. Les patinoires
furent confiées à un Comité de
la patinoire Armand-Racicot qui
nomma un de ses membres à la
retraite pour coordonner les six
jeunes chargés de faire
l'entretien et d'arroser chaque
soir les trois patinoires.
L'organisme de
loisirs St-Vincent-de-Paul
accepta de faire
l'administration (les paies
surtout) moyennant un montant
d'argent payé par la ville à la
condition expresse que le budget
des patinoires d'environ 9,000$
soit entièrement et
exclusivement utilisé pour les
patinoires. C'était un statut
particulier pour ces patinoires
du Vieux-Longueuil.
Pendant sept ans, les patinoires
Armand-Racicot offrirent des
conditions exceptionnelles pour
les joueurs de hockey et les
patineurs/patineuses. Une glace
qui se comparaît parfois à celle
du centre Bell. Plus de 70 jours
de services de décembre à mars.
Souvent, on était ouvert pendant
que les autres patinoires
étaient fermées. Une
fonctionnaire de la Ville nous
qualifia en public de La Mecque
du hockey sur la Rive-Sud et
elle fut priée de ne pas mêler
la religion musulmane au sport
et aux loisirs.
De retour pour la sixième année
de ce contrôle du budget fait
par les utilisateurs, nous avons
appris qu'un malheur était
arrivé durant l'été: notre
concierge préféré avait été
trouvé au fond de sa piscine,
mort d'une crise cardiaque. Il
fut remplacé par un autre col
bleu moins amical qui nous prit
en grippe et qui entraîna un de
ses amis cols bleus dans un
mouvement d'antipathie.
Nous ne savons pas le rôle exact
que joua cette détestation dans
les événements qui suivirent et
qui conduisirent à une remise en
question de notre
fonctionnement. Le directeur des
loisirs de la ville prit sa
retraite: il avait été un
architecte de notre entente
particulière. Et sa femme
directrice des loisirs
St-Vincent-de-Paul, poussée par
la Ville à vouloir contrôler
notre budget et en étant
incapable, nous abandonna.
A la recherche de revenus,
l'organisme la Croisée qui
s'occupait déjà de deux
patinoires extérieures devint
alors responsable des patinoires
Armand-Racicot. Avec la volonté
de contrôler complètement et
totalement le budget d'environ
10,000$ pour l'année 2015-2016.
C'était un retour à la case
départ et à la situation de
conflit d'intérêts. Le
coordonnateur pendant sept ans
et avec succès était évidemment
de trop dans les circonstances.
Prévoyant le pire c'est-à-dire
son exclusion, il organisa une
rencontre à la patinoire entre
le nouveau directeur des
loisirs-la Croisée et cinq
jeunes de 20 à 28 ans qui
avaient fourni de valeureux
services pour que ceux-ci soient
engagés de nouveau.
On essaya de lui faire croire
qu'il y aurait dorénavant 20
heures à 12.50$ l'heure pour
l'entretien et non les 30 heures
allouées pendant sept ans. Il
protesta et laissa entendre que
cela faisait 1,375.$ dans les
coffres de l'organisme. Ensuite
que les heures de surveillance
non faites à cause du redoux, de
la neige etc seraient enlevées
du budget et non payées par la
Ville. En 2013-2014, il y eut
quatorze jours où la salle fut
fermée.
Cela fait environ ( à 11.$ de
l'heure) 880.$ dans les coffres
de l'organisme.
L'ex-coordonnateur laissa
entendre qu'il était faux de
dire que la ville ne payait pas
à l'organisme ces heures de
surveillance. Interdiction
d'appeler la Ville lui fut
faite. Il appela quand même un
directeur de la Ville qui lui
dit simplement: votre budget est
augmenté pour l'année 2015-2016
puisque les tarifs horaires pour
la surveillance et l'entretien
sont légèrement augmentés.
Ayant perdu la
face, la Croisée et le
coordonnateur pendant sept ans
se rendirent à l'évidence: sans
confiance réciproque, la
collaboration ne pouvait avoir
lieu. Le coordonnateur
retrouvait sa place de chien de
garde sur le Comité des
patinoires Armand-Racicot. Pour
assurer que les services de
loisirs en plein air soient
rendus aux citoyens qui paient
des taxes à Longueuil. Avec
beaucoup de scepticisme à
l'égard de ce mensonge libéral
qui dit qu'on peut couper les
budgets sans affecter les
services. La Croisée voulant
augmenter ses revenus à même le
budget des patinoires
Armand-Racicot, le service
restera-t-il le même que celui
qui fut offert pendant sept ans?
Telle est la question.
Cette prise du contrôle de notre
budget fut rendue nécessaire par
quoi? Une coupure de 60,000$
faite par le gouvernement
libéral dans le budget de La
Croisée. Le contenu de ce conte
d'hiver, c'est la faute à
Couillard-Coiteux. C'est une
mexicaine à l'accent absolument
charmant qui est la directrice
générale de l'organisme du nom
de la Croisée.
Pour montrer que nous n'avons
aucune acrimonie, nous avons
songé à rebaptiser nos trois
patinoires du nom de cette
directrice générale. La
cérémonie aura lieu pendant la
saison de hockey.
Ce conte d'hiver montre par un
cas précis les conséquences de
la politique d'austérité du
gouvernement Couillard-Coiteux.
Car ne l'oublions pas: all
politics is local. Toute
politique a des conséquences au
niveau local.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
jeudi 03 décembre 2015
barberis@videotron.ca
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