vendredi 27 février 2015
La lutte du
pot de terre contre le pot de
fer
Par Le
Regroupement des Retraité(es)
des Aciers Atlas
Depuis plus de 10
ans la fermeture de l’usine
Aciers Atlas et ses corollaires
font les manchettes des journaux
locaux. Slater Steel a mis fin à
ses opérations dans une débâcle
financière inacceptable, se
soustrayant à ses obligations
responsables en complicité avec
les garants gouvernementaux et
syndicaux qui entortillèrent le
tout d’un obscur processus
d’acquéreur potentiel.
Quand on
cadenassa définitivement la
porte on abandonna les
travailleurs à leur sort et un
avis communiquait aux retraités
que dorénavant leur rente serait
amputée de 30% à 58% (selon les
groupes) chambardant
irrémédiablement leur qualité de
vie. On violait ainsi la
validité des signatures et la
teneur des contrats de retraite.
Les archives retraçaient peu de
cas analogues au Québec et
surtout on laissait entendre que
des dispositions étaient
maintenant en place pour éviter
les cauchemars préalablement
répertoriés.
Regroupés le 14 juin 2005 pour
faire valoir nos droits nous
réclamâmes la correction d’une
injustice inconcevable. Après
consultations, la solution
juridique s’avérant inapplicable
nous nous tournâmes vers la
filière politique, la seule qui
présentait une possibilité. Nos
députés locaux furent alors
interpellés. Rapidement le cas
bifurqua au provincial de qui
relevait la juridiction. Embêtés
par la nouveauté du phénomène
c’est plutôt la frilosité de la
réponse face à une iniquité qui
nous étonna.
Nos démarches nous menèrent au
ministère de l’Emploi et de la
Solidarité sociale où l’on
reconnut notre double pénalité :
rente diminuée (sans indexation
et sans couvertures
d’assurances), restriction REER.
Madame la ministre Michelle
Courchesne écouta, comprit,
compatit en signant, au nom du
Parti libéral, un chèque de 2 M
$ à partager entre TOUS LES
AYANTS DROIT AU FONDS DE PENSION
(RETRAITÉS ET ACTIFS) et posa
des gestes pour freiner
l’hémorragie en concevant et en
promulguant la loi 30.
Tout à coup notre dossier
prenait de l’intérêt pour le
Parti québécois et devenait
sujet à de la petite politique.
Dès lors s’amorcèrent les
rencontres des chefs, des
prétendants, des caucus de
partis, tant au provincial qu’au
fédéral. Nous passâmes ainsi de
promesses en déceptions, de
vérités aux mensonges, de bonne
volonté en mauvaise foi, de
spectacles orchestrés en
dégonflements de ballons et de
collaborations en crocs-en-jambe.
Ensuite ces éternels délais, ces
interminables silences ou ces
scénarios pour contrer des
initiatives du parti adverse.
Puis la notion de crédit d’impôt
se développa, se justifiait bien
à un point tel qu’à deux
reprises Sylvain Simard déposa
un projet de loi pour débats.
Mais dans l’opposition les
gestes, aussi nobles soient-ils,
ont une valeur symbolique plus
qu’efficiente. C’ est alors
qu’il s’engagea solennellement
en conférence de presse le 2
avril 2012, en front commun avec
Louis Plamondon, en son nom
personnel et en celui du Parti
québécois :
«
L’engagement que je prends
aujourd’hui auprès des retraités
d’Atlas …c’est qu’un
gouvernement du Parti québécois
va se battre de toutes ses
forces pour que le gouvernement
fédéral reconnaisse les régimes
de retraite des entreprises
comme des créanciers
prioritaires dans les cas de
faillite et qu’il va
soigneusement évaluer le coût
d’un crédit d’impôt pour les
retraités qui se sont vus
dépossédés en tout ou en partie
de leurs revenus de retraite. »
L’histoire nous apprendra que la
circonscription de Richelieu
s’est vue imposer une nouvelle
candidate aux dernières
élections. Elue, Elaine Zakaïb
ne verra aucun intérêt à
parlementer notre affaire
rejetant d’un revers de main 10
ans de démarches, d’avancées, de
sueurs. De plus elle reniait la
promesse de son prédécesseur au
nom du Parti québécois
d’apporter la solution à notre
iniquité. Dans l’opposition
l’exposé du projet de loi était
réalisable, au pouvoir la
fiscalité ne le permettait pas.
Son attaché politique aura
l’insolence de nous rétorquer
que «
si nous voulions un traitement
autre de notre dossier il nous
faudrait élire un gouvernement
péquiste majoritaire. »
Sylvain Rochon, bien au fait de
notre dossier, maintenant sur la
tribune, lui, ne voyait pas, il
y a quelques temps, la nécessité
de retourner nos appels.
COMMENT NE PAS ÊTRE DÉÇUS DU
PARTI QUÉBÉCOIS !
Depuis plus de 20 ans Richelieu
élit un député péquiste. Les
vieux d’aujourd’hui, dont les
retraités des Aciers Atlas,
votaient il y a 20 ans et
votaient en masse pour le Parti
québécois dans Richelieu. Bon
nombre s’est impliqué dans la
machine électorale, a cru en son
programme et a voté à répétition
P.Q. pendant toutes ces années.
AURIONS-NOUS ÉTÉ UTILISÉS À
DES FINS POLITIQUES ?
Nous avons dénoncé parce que
c’est irrecevable qu’en fin de
vie les retraités qui se sont
sacrifiés, ont investi dans un
fonds de pension pour sécuriser
leur avenir doivent faire les
frais d’une gérance
irresponsable qui a tout accordé
à l’entreprise sans baliser la
protection des droits des
prolétaires. Nous refusons
d’être traités comme des
quêteurs. La bienséance
élémentaire serait de nous
considérer comme des
participants passés et présents
au développement économique dont
tous peuvent profiter
aujourd’hui.
A notre dernière assemblée
annuelle nos adhérents
adoptèrent une résolution pour
mettre fin à notre regroupement.
Maintenant que le cancer est
généralisé la lueur d’espoir
d’un règlement pâlit
progressivement suivant le
rythme des décès de nos membres.
Tout va se régler… par
attrition.
Nous signons ici la fin de la
lutte du pot de terre contre le
pot de fer.
Les membres du
Bureau de Direction
Pierre St-Michel Président
Normand Paul Vice-Président
Diane Blanchard Secrétaire
Réjean St-Germain Directeur
Claude Nadeau Trésorier
Regroupement des Retraité(e)s
des Aciers Atlas
|