lundi 26 janvier 2015
Quels seront
les conseillers de Pierre Karl
Péladeau?
par Robert
Barberis-Gervais
La dernière
campagne électorale a été
catastrophique pour le Parti
québécois qui a obtenu seulement
25% du vote et seulement 30
députés. Jusqu'à la veille du 7
avril 2014, Pauline Marois
affichait un optimisme
surréaliste tellement qu'on
s'est posé des questions sur la
compétence de sa garde
rapprochée qui l'a maintenue
dans une bulle. Récemment, à
Infoman, Stéphane Bédard a dit
candidement: «On avait une
stratégie mais on ne l'a pas
suivie». Ce qui porte à conclure
que les conseillers de Madame
Marois, c'était pas fort fort.
Vendredi le 23 janvier 2015,
Jean-François Lisée s'est retiré
de la course au leadership parce
qu'il ne voyait pas comment il
pourrait battre Pierre Karl
Péladeau qui est le choix de la
majorité des militants du Parti
québécois. Si sa prévision se
réalise, il travaillera avec le
nouveau chef qui pourrait
s'inspirer de son dernier livre
«Le journal de Lisée» qui
contient un nombre considérable
de propositions constructives
sur plusieurs dossiers
importants. Il a bien fait de se
retirer car il aurait pu nuire
au Parti québécois. PKP a écrit
sur sa page Facebook le 23
janvier à 14h55:
«Mon collègue Jean-François a eu
la gentillesse de me téléphoner
ce matin pour me faire part de
la décision qu’il a annoncée
quelques heures plus tard. Je le
remercie très sincèrement de
cette marque d’attention.
Il m’est donc permis de vous
dire et de lui réitérer mon
souhait le plus profond de
continuer à travailler ensemble
dans la poursuite de la mission
de celles et ceux qui nous ont
précédés, afin d’atteindre notre
objectif ultime de faire du
Québec, un pays.»
Je ne partage pas l'opinion de
ceux qui blâment Lisée d'avoir
dit qu'il n'aurait pas voté pour
la loi 60 (la Charte des
valeurs) telle que formulée et
non amendée. Vous aurez sans
doute remarqué que sa raison
principale était le non respect
des droits acquis quant aux
signes religieux ostensibles et
que cet aspect a été intégré
dans la nouvelle proposition
Drainville.
Quant à ce qu'il a appelé «une
bombe à retardement» soit la
propriété de Québecor par PKP,
il a poussé le débat vers le
manque d'objectivité et la
partisanerie des médias comme
Radio-Canada ou les journaux de
Gesca et principalement «La
Presse» qui traitent souvent le
Parti québécois comme un
adversaire à abattre au
détriment d'une information
juste, équitable et équilibrée.
Voici des exemples récents.
Patrick Lagacé qui qualifie les
propositions de Drainville sur
la laïcité de «singeries
péquistes». Tout ce qui a une
tête sur les épaules au Québec
sait que Patrick Lagacé est un
sensationnaliste qui a peu de
crédibilité. Mais comment se
fait-il que «La Presse» publie
ses provocations inutiles?
Pourquoi s'acharne-t-il sur
Claude Dubois? Pas parce que
Claude Dubois devrait cesser de
boire avant de conduire son
auto: c'est parce qu'il est un
indépendantiste aimé de la
population. Il avait fait subir
le même traitement méprisant à
Pierre Falardeau.
A l'occasion du désistement de
Jean-François Lisée, Anne-Marie
Dussault à 24/60 a répandu son
ennui d'avoir à «parler encore
du PQ» dans une entrevue avec
Martine Ouellet qui a fait
l'erreur de relier PKP à ce
qu'elle appelle «le star
system». Dussault a insinué
qu'attribuer la victoire de PKP
au «star system», c'est avoir
une piètre idée des militants du
Parti québécois «qui cherchent
un sauveur» (dit-elle). Martine
Ouellet a dit qu'on ne
connaissait pas les idées de PKP
sur maints sujets ce qui a
suscité le commentaire suivant
de la perfide animatrice:
«Est-ce qu'il en a des idées
Pierre Karl Péladeau?»
Ceux qui se disent troublés par
l'hypothétique manipulation de
l'information par l'empire
Québecor advenant le cas de la
réussite politique de PKP
s'inquiètent-ils de la qualité
de l'information à Radio-Canada
ou à «La Presse»? On les
comprend d'avoir peur que
l'homme politique PKP utilise le
«Journal de Montréal» et TVA-LCN
de la même manière que les
frères Desmarais utilisent «La
Presse» ou que le pouvoir
fédéral qui veut maintenir le
statu quo utilise Radio-Canada.
Quoi qu'il en soit des parti
pris déformants de «La Presse»
et de Radio-Canada, comme on
peut prévoir que PKP sera élu
chef du Parti québécois, la
question de qui seront ses
conseillers commence à se poser.
On sait que Pierre Karl Péladeau
écrit lui-même les nombreux
textes qu'il publie sur sa page
Facebook. On peut suivre jour
après jour ses prises de
position sur des sujets surtout
économiques. Entre autres, lors
de sa visite dans le comté de
Richelieu, on a pu lire sa
description de sa rencontre avec
des leaders régionaux de
Sorel-Tracy. Il écrit:
«Pour se conformer au projet de
loi 28 du gouvernement libéral
de Philippe Couillard, le CLD
Pierre-De Saurel sera
malheureusement aboli (le CLD
Pierre-De Saurel cessera ses
activités) et la MRC a pris la
décision de répartir
différemment les services et de
modifier les modes de
financement. Il reste que le
budget total consenti à la MRC
diminue de 60%, que le nouveau
CLD aura un CA réduit et que les
services offerts aux entreprises
vont en payer le prix. Pour les
intervenants que j'ai
rencontrés, il s'agit d'un
véritable démantèlement
régional, orchestré par le
gouvernement libéral de Philippe
Couillard et son «trio
économique», dont les impacts
négatifs sur le tissu social et
économique auront des
répercussions partout au
Québec.»
Pour donner un exemple positif,
je verrais très bien Mathieu
Bock-Côté qui publie dans le
«Journal de Montréal» et
participe à diverses émissions
de radio et de télévision
devenir conseiller de PKP. C'est
un nationaliste authentique qui
a une pensée très articulée et
très nuancée. Il préférera sans
douter garder sa liberté de
parole mais PKP aurait intérêt à
s'inspirer de ses écrits.
Pour donner un exemple négatif,
je suggérerais à PKP de se
méfier de ceux qui ont fait le
jeu des adversaires en
s'acharnant contre Pauline
Marois qui était, malgré ses
lacunes et ses limites, la chef
légitime du Parti québécois.
Quand on a poignardé un chef
dans le dos, on peut en
poignarder un autre. Ils ont mis
la table à la Commission
Charbonneau (le «deal» de Claude
Blanchet) et à Alain Gravel (le
don de 50,000$ d'un ingénieur à
Claude Blanchet) qui se sont
servis du mari pour déstabiliser
la femme politique. J'espère que
PKP se tiendra loin de ces
gens-là qui n'ont de loyauté
envers personne sauf eux-mêmes.
Un de ceux-là a recommandé au
chef de l'opposition Pauline
Marois de fermer le Parlement
devant la corruption du régime
Charest. Il propose maintenant
de renverser le gouvernement
libéral parce que Philippe
Couillard n'aurait pas de
légitimité puisqu'il n'a pas
présenté son programme
d'austérité pendant la campagne
électorale. (C'est François
Legault qui l'a fait.) Il a
raison de dire que les électeurs
qui ont voté pour le Parti
libéral n'ont pas voté pour ça.
Mais renverser le gouvernement
Couillard à la première occasion
comme il le propose, c'est plus
facile à dire qu'à faire. Ce
n'est pas tous les jours qu'on
fait la révolution. Il faudrait
en parler au peuple. Le Québec
n'est pas la France.
Pour réussir, PKP devra
s'entourer de personnes qui ont
un bon jugement politique et
tenir à distance les ambitieux,
les énervés, les courtisans et
les lèche-culs. Qu'il se
rappelle ce que disait
Churchill: «Je m'occupe de mes
ennemis, Dieu me préserve de mes
amis.»
Je suis sûr que le mouvement
indépendantiste n'a pas son
Arthur Porter qui a enfirouapé
bien du monde à commencer par
Philippe Couillard alors qu'il
n'était, au fond, qu'une sorte
d'imposteur puisque ses actions
ne visaient pas l'intérêt
général. Il y a des personnages
comme ça qui en mettent plein la
vue, qui font de l'esbroufe, qui
jouent les importants mais dont
la feuille de route devrait
inspirer la plus élémentaire
prudence.
Montaigne n'a pas apprécié que
la dissertation de son ami La
Boétie sur «la servitude
volontaire» avance que la
désobéissance civile peut
suffire à faire tomber un
pouvoir politique. J'invite ceux
qui veulent faire tomber
Philippe Couillard et l'obliger
à déclencher des élections le
plus tôt possible à modérer
leurs transports. Qu'ils fassent
preuve d'un peu plus de jugement
politique et de sens
démocratique.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
lundi 26 janvier 2015
barberis@videotron.ca
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