LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 19 mars 2015 12:02

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NÉCROLOGIE

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Robert
Barberis-Gervais

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L'opinion exprimée dans le cadre de cette chronique, est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY MAGAZINE.
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jeudi 19 mars 2015

L'esprit de chasse aux sorcières du SCRS chez Philippe Couillard
par Robert Barberis-Gervais

Il y a trois expériences que l'actuel premier ministre du Québec a vécues qui l'ont marqué profondément et qui ont semé en lui les graines de l'autoritarisme et de l'intolérance par rapport aux idées de ses adversaires. Il a été chirurgien du cerveau et dans la salle d'opération, on le sait, le chirurgien est le roi. Il a travaillé en Arabie saoudite et a acquis deux choses: il est devenu millionnaire, a évité de payer des impôts pour ses revenus mirobolants et a développé une grande tolérance pour l'intégrisme islamiste. Troisièmement, il a été membre du comité de surveillance du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS) à l'invitation d'Arthur Porter dont la femme vient de se reconnaître coupable de malversations. Et si la femme est coupable, le mari ne l'est-il pas aussi! On comprend pourquoi le docteur Porter veut rester à l'étranger.

Sur le site Web du Comité de surveillance du SCRS, on peut lire:

«Survol
Le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS ou Comité) est un organisme indépendant qui surveille de l’extérieur les opérations du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS ou Service) et en rend compte au Parlement du Canada.
Le Parlement a conféré au SCRS le pouvoir extraordinaire de s'ingérer dans la vie privée de particuliers. Le CSARS veille à ce que ce pouvoir soit exercé judicieusement et dans le respect de la loi afin de protéger les droits et les libertés des Canadiens. À cette fin, il examine les opérations passées du Service et il enquête sur les plaintes. Il a le pouvoir absolu d’examiner toute information qui a trait aux activités du SCRS, si délicate soit-elle et quel qu'en soit le niveau de classification. Son rapport annuel au Parlement résume les résultats de ces travaux, qui sont expurgés afin de protéger la sécurité nationale et la vie privée des intéressés.»


Cette introduction vise à décrire l'environnement mental dans lequel le premier ministre a évolué comme membre du comité de surveillance du SCRS dont le rôle est de défendre la sécurité nationale. Cela nous permettra de juger deux affirmations récentes de Philippe Couillard qui sont très inquiétantes pour l'avenir de la démocratie au Québec.

Ainsi par exemple, les actes terroristes récents à Ottawa et à St-Jean ont fait qualifier leurs auteurs de radicaux. Un djihadiste est un radical. On voit des jeunes partir pour l'Irak ou la Syrie: ils sont tombés dans le radicalisme. On dit: comment faire pour éviter que les jeunes tombent dans le radicalisme islamiste.

Dans ce contexte, il est loin d'être anodin que Philippe Couillard ait qualifié de radicale la prise de position ferme de PKP pour l'indépendance. Autour du 12 février 2015, parlant de la lutte à la chefferie du Parti québécois, Philippe Couillard a dit: «C'est un concours entre les candidats pour savoir lequel est le plus radical pour la séparation du Québec.»

Pour le premier ministre du Québec et cela est grave, les candidats à la chefferie du Parti québécois sont donc des radicaux comme ceux que le SCRS a la mission de pourchasser. Les petits malins du bureau du premier ministre devraient faire attention avant de suggérer des lignes à leur chef. Tous les moyens ne sont pas bons et légitimes pour garder le pouvoir et pour sauver le régime fédéral.

Un exemple un peu plus récent n'a pas été remarqué. Emule de la démagogie de Robert Bourassa, Philippe Couillard a dit que la souveraineté conduirait à une catastrophe économique. Il est vrai qu'il s'adressait à des militants libéraux qui ne demandent pas mieux que d'entendre leur chef charrier à propos de l'indépendance. Mais le chef du Parti libéral est aussi premier ministre du Québec donc le premier ministre de tous les Québécois y compris ceux qui veulent réaliser démocratiquement l'indépendance du Québec et qui gardent, en tout temps, le droit d'exprimer librement leurs opinions politiques. On ne sait pas combien ils sont, mais il est certain qu'ils sont au moins aussi nombreux chez les francophones que ceux qui ont voté pour le Parti libéral aux dernières élections. Il faudrait y penser deux fois avant de les traiter de nouveau de radicaux.

Je vous invite maintenant à passer par google pour aller sur Canoe.ca: Couillard: Faire la souveraineté «une catastrophe». A propos de l'entrevue à Michel Hébert du «Journal de Québec» le 14 mars 2105 où PKP soutient que les Québécois doivent opter pour l'indépendance et se débarrasser d'une attitude de colonisés qui se satisfait de la péréquation, Philippe Couillard a dit: «C'est un discours déconnecté de la réalité du Québec, de la réalité du 21è siècle particulièrement celle de la jeunesse. Ce genre de discours-là appartient à l'autre siècle. Encore une fois, c'est un discours révolu qu'il faut faire cesser.»

Vous avez bien lu: il a dit « un discours qu'il faut faire cesser». Comment M. Couillard allez-vous faire cesser le discours indépendantiste? Par la loi C-51? Selon vous monsieur Couillard, il faut faire cesser le discours indépendantiste qui est radical et déconnecté de la réalité.

On sait que vous avez peur de PKP. Vous avez d'abord tenté de l'empêcher d'être député. Puis, vous avez qualifié sa volonté indépendantiste irréductible de discours radical. Maintenant, vous voulez faire cesser son discours que vous qualifiez de révolu. Vous qui croyez aux sondages, le dernier sondage rendu public donne PKP gagnant contre vous lors d'une élection générale. Pas pire pour un discours déconnecté de la réalité.

Mais il n'y a pas que PKP qui vous énerve au point de vous faire dire n'importe quoi. Il y a tous les Québécois qui aspirent à l'indépendance du Québec et qui n'attendent que la prochaine occasion pour le manifester. Est-ce que leur option est radicale? Comment allez-vous procéder pour les faire taire, pour faire cesser leur discours? Par la loi C-51 dont les dangers ont été dénoncés par quatre anciens premiers ministres du Canada qui redoutent la création d'une police politique?

L'ex-ministre libérale Michelle Courchesne ne se reconnaît pas dans le gouvernement Couillard qu'elle qualifie de trop autoritaire. Elle n'approuve pas les méthodes du ministre de la Santé. Que penserait-elle de notre analyse qui prouve le caractère foncièrement antidémocratique de Philippe Couillard?

Monsieur Couillard, vos propos sont indignes d'un premier ministre du Québec qui doit avoir du respect pour tous les Québécois y compris les indépendantistes qui veulent réaliser démocratiquement l'indépendance du Québec. En répétant le discours déconnecté des années 1970 et 1973 de Robert Bourassa, vous nous ramenez en arrière. Vous ne parlez pas en tant que premier ministre de tous les Québécois. Votre partisannerie aveugle de chef du Parti libéral est antidémocratique. C'est l'esprit de la chasse aux sorcières que vous avez développé comme membre du Conseil de surveillance du SCRS. C'est déplorable.

Robert Barberis-Gervais,

Vieux-Longueuil,
jeudi 19 mars 2015
barberis@videotron.ca

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