mercredi 20 janvier 2016
Salaire des
médecins: la moyenne canadienne
induit en erreur
par Robert Barberis-Gervais
Au «club des ex» de mardi 19
novembre, Remy Trudel a dit de
façon pittoresque: «les
statistiques sont aux
politiciens ce que les poteaux
sont aux chiens.» Il parlait du
salaire des médecins du Québec
comparés à la moyenne
canadienne. Je préfère l'adage
suivant: «les statistiques sont
comme les bikinis: ils montrent
beaucoup mais cachent
l'essentiel.»
Quand l'Institut de la
statistique du Québec (ISQ)
affirme que les Québécois ont le
revenu disponible le plus faible
au Canada, me revient cet adage
sur les statistiques comparés au
bikinis.
Mais je veux surtout parler du
salaire des médecins du Québec
et dénoncer l'argument principal
pour obtenir des augmentations
de revenus de nos médecins qui
est basé sur un soi-disant
rattrapage par rapport à la
moyenne canadienne des salaires
payés aux médecins.
Quand on compare les salaires
des médecins dans l'ensemble du
Canada et qu'on fait une moyenne
canadienne, on ne tient pas
compte du fait qu'à Vancouver, à
Calgary ou à Toronto, le coût de
la vie est beaucoup plus élevé
qu'à Montréal et qu'au Québec en
général. On n'a qu'à comparer le
coût des maisons ou à comparer
les coûts des services de
garderie.
Le prix moyen d'une propriété au
Canada est d'environ 375,000$. A
Toronto, c'est 520,000$; à
Vancouver, c'est 730,000$. Et à
Montréal, c'est 325,000$. Un
médecin qui achète une maison à
Montréal en obtient plus pour
son argent qu'un médecin de
Toronto ou Vancouver.
A propos des frais de garderie,
une étude a été faite sur les
frais moyens des garderies non
subventionnées dans les 22
villes canadiennes les plus
populeuses dans le cas des
nourrissons, des tout-petits et
des enfants d’âge préscolaire.
Elle établit un indice
d’accessibilité où l’on compare
ces frais au revenu moyen des
femmes âgées de 25 à 34 ans dans
la ville.
L’accessibilité des services de
garde à l’enfance est un enjeu
important non seulement pour les
parents, mais aussi pour
l’économie canadienne.
Lorsqu’ils bénéficient de
garderies abordables, comme au
Québec, les parents et en
particulier les femmes
choisissent en forte majorité de
travailler.
Voici quelques conclusions de
cette étude :
• Toronto accuse les frais les
plus élevés dans les trois
catégories d’âges.
• Brampton est la ville où les
garderies sont les moins
abordables au Canada, les frais
représentant 36 % du revenu de
la femme, soit l’équivalent de
quatre mois de travail.
• Toronto, London, Windsor et
Surrey suivent Brampton de près
en étant relativement
inabordables. Dans ces villes,
les femmes peuvent s’attendre à
voir 34 % ou 35 % de leur revenu
annuel absorbé par les frais de
garderie.
• Les politiques du Québec, en
raison particulièrement des
frais quotidiens peu élevés, ont
rendu les coûts de garderie
radicalement moins chers pour
les parents.
• La ville la plus abordable est
celle de Gatineau, où les frais
de garderie représentent jusqu’à
4 % du revenu de la femme, soit
deux semaines de travail
seulement.
• Laval, Montréal, Longueuil et
Québec sont parmi les villes où
les garderies sont les plus
abordables au pays, les femmes
consacrant entre 5 % et 6 % de
leur revenu en frais de
garderie, soit l’équivalent d’un
mois de travail environ. (fin de
la citation)
En Ontario, les parents paient
les frais de garde d’enfants.
Selon un sondage de 2012, les
frais mensuels médians en
Ontario étaient de 1 152 $ (par
mois) pour un nourrisson, de 925
$ (par mois) pour un tout-petit
et de 835 $ (par mois) pour un
enfant d’âge préscolaire.
Pourquoi pensez-vous que des
Ontariens de la région d'Ottawa
déménagent à Gatineau?
Conclusion.
Quand on dit que les Québécois
ont le revenu disponible le plus
bas au Canada, cela ne veut pas
dire que leur qualité de vie est
inférieure. Il faut tenir compte
de la qualité des services que
les Québécois se donnent en
payant des impôts et du coût de
la vie qui est inférieur au
Québec.
De la même façon, quand les
médecins revendiquent des
salaires plus élevés en
invoquant comme argument le
rattrapage salarial par rapport
aux autres médecins canadiens
hors-Québec, il ne tiennent pas
compte du coût de la vie plus
élevé dans les grands villes
canadiennes hors-Québec ni d'une
meilleure qualité des services
publics au Québec.
Et je ne peux m'empêcher de
penser que ça prend des
négociateurs du gouvernement du
Québec qui sont eux-mêmes des
médecins (donc en conflit
d'intérêts) pour accorder des
augmentations de revenus aux
médecins en se basant sur la
moyenne canadienne.
Robert Barberis-Gervais,
Vieux-Longueuil,
mercredi 20 janvier 2016
barberis@videotron.ca
|