Être
subtil, mais pas trop…
En politique, plus
particulièrement dans le cadre
d’une campagne ou d’une
pré-campagne électorale,
l’humour est un outil – une arme
presque – à manier avec extrême
prudence. Cela, Mme Michelle
Blanc, candidate du PQ, l’a
appris à ses dépens. Voulant
mettre à profit son patronyme,
celle-ci, qui se dit spécialiste
des médias sociaux, a « twitté »
le message suivant : « Les gens
qui veulent voter “blanc”,
retenez que mon prénom, c’est
Michelle. » Voilà qui
s’inscrivait à merveille dans la
récente stratégie du PQ, qui
mise entre autres sur l’humour
pour amadouer l’électrice et son
pendant masculin.
Cette invitation détournée à
voter Blanc, lancée par la dame
du même nom, je l’ai trouvée,
comment dire, rafraîchissante.
Voter blanc étant une expression
usuelle, donc bien connue, qui
signifie annuler son vote ou
s’abstenir, il n’y avait pas là
de quoi ruer dans les brancards
ni s’énerver le poil des jambes.
Hélas! c’était compter sans
l’interprétation fantaisiste des
sépulcres blanchis qui sévissent
quasi impunément urbi et ordi (à
la ville et sur la toile),
c’est-à-dire dans le vrai monde
autant que dans le virtuel! Ces
émules de Ma’me Blancheville qui
aspirent à laver plus blanc que
blanc y ont vu une allusion
malveillante à saveur raciste :
voter blanc, par opposition à
voter non blanc!
Pincez-moi quelqu’un! Ce que
je trouve le plus dommage dans
cette sale histoire, c’est que,
sans coup férir, Mme Blanc ait
hissé le drapeau blanc,
c’est-à-dire retiré son message,
et cela à cause des cris
d’orfraie qu’a soulevés son
petit jeu de mots bien innocent.
Or, jamais ne devrait-on céder
devant l’ignorance, encore moins
reculer face à la bêtise! Mais,
que voulez-vous, on ne peut
risquer de perdre des votes. Pas
question, donc, de tirer – même
« à blanc » – sur cette
imbécillité galopante qui, pour
toute virtuelle qu’elle soit,
n’en demeure pas moins réelle, ô
combien!
On le voit, l’humour, surtout
quand il est ou se veut subtil,
se révèle un terrain miné,
propice à l’autopeluredebananisation.
Candidats « zé » -dates qui
aspirez à nous convaincre de
voter pour vous, prenez-en bonne
note : vaut mieux un message «
plate » et insipide qu’un
message intelligent qui puisse
prêter à la moindre
interprétation, fût-elle
complètement tordue, comme dans
le cas qui nous occupe ici. Ma
foi, en est-on au point où il
faudrait expliquer tout trait
d’esprit avant d’oser le
commettre? J’espère sincèrement
que non, car, comme on le dit à
raison, une farce expliquée est
toujours pas mal moins bonne.
En terminant, en voici une de
farce qu’il fait du bien à
l’heureux quidam que je suis de
partager avec ses semblables et
qui, étant donné que je ne me
présente sous aucune bannière,
ne me mettra aucun électeur à
dos. M. Couillard l’a bien dit :
« Ouimet?… C’est oui, mais… »
Excusez-la! Dites, faut-il que
je vous l’explique, celle-là
itou? |