MARBLES :
L’album de la consécration pour MARILLION et STEVE HOGARTH
(H)
29 août
2004 - La sortie d’un nouvel album de Marillion fait
toujours couler beaucoup d’encre dans l’univers
progressif, et celui-ci (Marbles) n’échappe
pas à la règle. Premièrement, la méthode de financement
utilisée par le groupe pour mener à terme cet album est pour
le moins assez
particulière peut-être même révolutionnaire me direz-vous.
En effet, Marillion qui a volontairement rompu son contrat
avec la maison EMI en 1995 est devenu par le fait même comme
un groupe indépendant et, c’est grâce à la fidélité et
à la générosité
des fans du groupe que « Marbles « se
retrouve aujourd’hui dans nos lecteurs CD. Une énorme
campagne de promotion sur
le site officiel du groupe, encourageant les fidèles et dévoués
admirateurs à acheter l’album avant même sa sortie s’est
avéré un succès.
C’est ainsi que les fans pouvaient pré-commander ce double
CD environ sept mois à l’avance. Les fonds
alors amassés ont servis à l’écriture, à
l’enregistrement et à la mise en marché de l’album. En
retour, les souscripteurs avaient droit à l’album double édition
deluxe avec emballage super-soignée comprenant un livret de
128 pages, couverture rigide de même qu’une liste
comprenant les
noms des 13000 fans ayant pré-commandé le CD avant le
premier janvier. C’est ce qu’on appelle du marketting !
Deuxièmement,
« Marbles » se présente à la fois comme un
double CD si on le commande via le site internet du groupe et
comme un simple
CD si on se le procure en magasin. Je dois vous dire tout de
suite que la version simple est amputée de certaines bonnes
pièces dont
l’inoubliable « Ocean cloud », une pièce maîtresse
de près de 18
minutes qui , à mon avis vaut l’achat de l’album double
à elle seule.
Troisièmement,
pour en venir à l’essence même de l’œuvre, c’est à
dire la musique, elle se veut tantôt purement progressive (
The Invisible
man, Ocean cloud et Neverland ) et tantôt empreinte d’une
saveur plus
pop-rock moderne ( You’re gone, Don’t hurt yourself et Genie ).Cependant et voilà à mon avis la force de
« Marbles », peu importe l’étiquette que l’on
puisse attribuer à telle ou telle pièce, du début à la
fin, ce double album transpire l’excellence, la qualité et
l’originalité. Produit par Dave Meegan connu entre autre
pour son travail avec U2 et de qui on dit qu’il est
maintenant le sixième membre de Marillion,,
« Marbles » nous fait découvrir les
membres du groupe dans
une forme resplendissante où tous et chacun se démarque à
sa façon comme jamais auparavant selon moi.
Steve
Hogarth en
pleine possession de ses moyens, nous délivre de sa voix une
gamme d’émotions passant du chuchotement le plus discret
aux cris de révolte, tel un dramaturge. Hogarth
n’est pas et ne sera jamais Fish ; une fois
cette réalité bien assimilée, il devient plus évident de
reconnaître son talent à
sa juste valeur.
Marillion
nous montre ses couleurs dès la première pièce « The
invisible man » qui est à mon avis non seulement une
des meilleures de l’album mais bel et bien du groupe en
carrière. Débutant par une séquence où prédominent des
effets de percussions débordant d’originalité auxquels
s’ajoutent le lyrisme vocal de H puis la basse de Trewavas
et nous voilà partis pour 13 minutes de variations d’ambiances diverses et planantes s’imbriquant
les unes aux autres dans une complexité mélodique à souhait pour
culminer en un délire à la fois musical et vocal.. Parmi les
titres forts de l’album, notons également la pièce
« Neverland » où H est à son meilleur selon moi. Celle-ci débute avec une brève
intro au piano à laquelle
s’ajoute une section rythmique solide et efficace de
même qu’une prestation plus qu’honorable de Steve Rothery
à la guitare solo et quelle finale ! Il y a aussi
« You’re gone » et « Don’t hurt
yourself » qui sont des plages à saveur pop-rock et qui
sont en fait les deux premiers singles de « Marbles »
avec des mélodies qui nous restent en tête et nous donnent
envie de fredonner. La sonorité des accords acoustiques à la
guitare de « Don’t hurt yourself » sont un pur
délice à la base de cette mélodie entraînante au
maximum. « You’re gone « avec son
refrain irrésistible et sa rythmique à la batterie électronique
pourrait facilement se tailler une place de choix aux cotés
du meilleur Radiohead ou Coldplay.
Maintenant,
place à une superbe ballade de près de 8 minutes intitulée
« Angelina ». Il s’agit ici d’une mélodie
envoûtante ou la
simplicité du « lead » de guitare de Rothery n’a d’égal
que sa beauté et que dire de la séquence où une voix féminine
s’entrelace avec celle de H pour résulter en un amalgame de
voix sublime. Superbe ! Il y a aussi « Fantastic
place » guitare
et clavier prennent en charge cette belle ballade un peu
bluesy tandis que Steve Hogarth dont le timbre de voix et la facon de chanter s’apparente
étrangement ici à Mark Hollis du groupe Talk Talk, y va
aussi d’une bonne présence vocale. « The only
unforgivable thing » est une pièce un peu dans la même
veine, sobre et sans artifice sauf peut-être pour l’orgue
d’église au début et à la fin. La pièce « Génie »
sans être un must passe très bien et me rappelle Porcupine
Tree à certains moments.
Pour
conclure, il ne faut pas passer sous silence les quatre petits
intermèdes que constituent « Marbles I, II, III,IV »
et qui servent de ponts si on veut entre les pièces plus
consistantes. Ces billes évoquent en quelque sorte une
certaine notoriété dans les écoles britanniques où le
meilleur est celui qui capture le plus de billes à ses
adversaires. L’expression perdre ses billes peut aussi
vouloir dire perdre la tête .Il s’agit en fait de souvenirs
d’enfance qui
ont quelque peu traumatisés H dans son enfance. Bien que
musicalement ces quatre passages soient
agréables à entendre, leur rôle demeure de créer un
fil conducteur entre les différentes plages.
Alors,
pour ceux qui croyaient Marillion mort et presqu’enterré,
voilà la preuve que le groupe est actuellement plus en vie
que jamais. On a affaire ici à du grand Marillion inspiré au
maximum nous offrant un produit extrêmement soigné et de
qualité indéniable et ce, peu importe l’étiquette qu’on
veut leur accoler.
RENDEZ-VOUS
AU SPECTRUM DE MONTRÉAL LE 12 OCTOBRE
Réjean
Charbonneau