9
décembre 2004 - Comme un enfant qui attend Noël avec impatience,
j'avais très hâte à la sortie du nouvel album du groupe allemand
Rammstein. Après la pièce maîtresse précédente «
Mutter
», Rammstein était attendu au tournant. En septembre 2004 on
lançait « Reise, reise » (Voyage, voyage), qui nous présente un
groupe rock qui évolue à chaque album, mais il est clair que le
style très primaire de Herzeleid est fini
Rammstein continue le voyage entrepris avec Mutter,
c'est-à-dire en accentuant encore la mélodie et la diversité
musicale, vers ce Rock dramatique, tragique, quelque peu
théâtral, sombre jusqu'à un certain point, menaçant, et à forte
tendance démoniaque. On peut dire que la suite des événements
fut respectée. Chanté en germanique dans la presque totalité des
pièces, Rammstein nous offre sous ces conditions, un style
unique de Rock lourd aux sonorités qui ne seront jamais imitées
par ces chers Américains...enfin! Le chanteur du groupe Till
Lindemann pourrait facilement passer pour l'époux de la célèbre
chanteuse allemande Nina Hagen, qui fut très populaire dans les
milieux punk des années 80, tant les deux chanteurs offrent un
style de chant et d'accent, similaires.
Ce
4e album studio du groupe ne fait cependant pas l'unanimité
parmi les amateurs du groupe, qui sont carrément divisés en
deux, ceux qui croient que « Reise, reise », est leur meilleur
album et de l'autre, ceux qui trouvent que c'est leur pire.
Pourtant tous les éléments essentiels aux bons succès de
Rammstein sont présents sur ce disque. Mais c'est peut-être que
Rammstein s'est justement tranquillisé un peu plus sur quelques
pièces du dernier album. On veut peut-être jouer sur les radios
un peu plus commerciales, ce qui en principe irait à l'encontre
des principes de bases du groupe.
Mein teil est une pièce très puissante, dans la plus pure
tradition du groupe. C'est possiblement la pièce LOS qui n'a pas
passé dans la tête des purs et durs de Rammstein. Une
pièce
bien rythmée, mais complètement jouée sur une guitare sèche,
avec un tout petit solo de guitare électrique vers la fin. Vient
ensuite Amerika, un hymne profondément ironique, dont tous les
antiaméricains chanteront avec joie. Il faut se rappeler
cependant que le nom Rammstein fut inspiré d'une ville allemande
qui fut l'hôte d'une tragédie qui avait coûté la vie à 70
personnes lors d'un spectacle aérien de l'American Air Force,
sur une base militaire installée à Ramstein. Mais aussi, on peut
y voir un jeu de mots allemand, soit Ram Stein, qui signifie
"fait de pierre".
Ironiquement, la pièce qui suit est Moskau, vous l'aurez
deviné, Moscou. Rammstein égratigne cette ville au passage, mais
musicalement la pièce, qui offre d'ailleurs quelques lignes en
russe, est bonne.
Le groupe va dans une direction encore plus mélodique que
Mutter et Till Lindemann est plus que jamais décidé à chanter.
Mais pas de soucis, Rammstein reste Rammstein. Les guitares sont
aussi tranchantes qu’auparavant, la production est du niveau de
Mutter et le groupe possède toujours le même sens de la
composition. On ne retrouve peut être pas la rythmique
marteau-piqueur et quelques titres peuvent manquer un peu de
pêche mais cela est compensé par un très grand travail créatif.