mercredi 12 octobre 2011
Fannie Bisson
présente son projet artistique,
à la Place du Marché du 17 au 22
octobre
L'artiste sculpteure
Fannie Bisson, explique son
projet d’œuvre dans l’espace
public en cours :
Tout d’abord,
pour mon œuvre, je voulais
travailler avec des pissenlits!
Pourquoi? Parce que je
m’intéresse à la botanique et au
jardinage depuis un certain
temps. En lisant sur le sujet,
j’apprends à comprendre
l’utilité de plusieurs plantes
qui peuvent me servir dans la
fabrication d’engrais naturels
maisons.
Souvent, il
s’agit d’utiliser les plantes
qui sont communément considérées
comme des mauvaises herbes. Cela
me fait réaliser le ridicule de
l’appellation «mauvaise herbe».
En effet, rien n’existe pour
rien. Chaque plante est utile et
le pissenlit en est une qui
possède de nombreuses qualités.
Entre autre, elle est très bonne
en salade. En purin, c’est un
excellent engrais naturel à
teneur élevée en potassium.
Cette plante a même des
propriétés médicinales reconnues
en médecine naturelle. Et malgré
tout, l’homme la considère comme
envahissante. Enfant, on se fait
dire que c’est une mauvaise
herbe et on prend ensuite pour
acquis que s’en est une, sans
chercher à comprendre.
Ensuite, je
suis aussi sensibilisée aux
pesticides utilisés pour rendre
la pelouse bien verte et exempte
de «mauvaises herbes». En plus
de se priver de l’utilité d’une
diversité végétale, on
s’intoxique avec des produits
chimiques qui vont à l’encontre
de la nature des choses. Il y a
quelques années, j’avais entendu
que les terrains de golf étaient
de grands pollueurs pour cette
raison et que certains golfeurs
réguliers avaient développé le
cancer de la prostate. La cause
du développement du cancer
serait la présence des
pesticides, qui augmenterait
aussi les chances de
développement de la leucémie
chez les jeunes enfants.
J’ai donc voulu créer une œuvre
qui donnerait lieu à des
réflexions sur ces sujets.
C’est-à-dire l’usage de
pesticides à des fins
esthétiques, le fait de jouer
avec la nature, le fait de
considérer certaines plantes
comme nuisibles, etc.
Maintenant, ayant en tête ce
message à passer, je devais
trouver un moyen visuel efficace
pour y parvenir. Voici le fruit
de mes réflexions :
Je compte utiliser un sac de
golf seconde-main acheté à
Sorel, des pissenlits cueillis
sur des terrains publics à Sorel
et du tissu rouge. Les
pissenlits morts que j’aurai
cueilli seront fixés sur le
tissu rouge avec de la couture.
Le rouge sert à symboliser le
sang, la violence.
L’idée m’est
venue du fait que la vue d’une
plante morte ne nous horripile
pas comme la vue d’un animal
mort. J’en suis venue à la
conclusion que l’absence de sang
en était la cause. Le tissu
rouge se veut donc une métaphore
du sang, rendant l’image de
pissenlit mort plus frappante.
Les bandes de tissu recouvertes
de pissenlits seront ensuite
apposées au sac de golf. Ce qui
donnera comme résultat un sac de
golf fait en «peau de pissenlit
mort».
Voici une
image qui montre les pissenlits
morts cousus sur le tissu rouge
:

Ensuite,
l’intérieur du sac de golf sera
rempli de terre où je planterai
des pissenlits vivants. Ces
pissenlits auront été cultivés
par moi, à partir de graines de
pissenlit achetées sur internet
et de graines trouvées sur des
pissenlits sauvages à Sorel. Les
graines achetées sur internet me
sont parvenues directement de
Belgique, puisque je n’ai trouvé
aucun vendeur de ces graines au
Québec. Ce qui n’est pas
surprenant puisqu’on trouve en
grande quantité cette plante
ici! Sur le site de Belgique, on
indiquait que les pissenlits
constituent un met de choix pour
les lapins et tortues
domestiques, qui en raffolent.
J’imagine donc que c’est un des
usages courants qui en est fait
là-bas.
Voici
les graines :

Bref, je tenais vraiment à ce
que les pissenlits vivants aient
été cultivés par moi, avec
amour, du début à la fin, ce que
personne ne fait. Le fait de les
laisser pousser sert aussi à
montrer aux gens des pissenlits
qui peuvent s’épanouir sans être
tranchés par une tondeuse à
gazon. Je pensais à ça et je me
disais qu’on avait jamais
l’occasion de voir un pissenlit
devenir grand, parce qu’il était
toujours coupé avant. Et je me
souviens, au mois de juillet cet
été, avoir vu une plante de plus
d’1 m de haut. C’était un
pissenlit et je me suis dit : «Wooh
je ne pensais pas que ça pouvait
devenir aussi grand!». J’ai
trouvé que c’était une belle
fleur! Ma réflexion autour de
cette plante injustement mal-
aimée a sûrement commencé à ce
moment.
J’ai déjà semé quelques graines
de pissenlit pour garnir le sac
de golf, voici les premières
pousses qui sont fraîchement
sorties de la terre :

Ces pousses deviendront les
pissenlits qui seront vivants
dans mon œuvre. En attendant, je
les soigne avec amour.
J’aimerais aussi ajouter du
texte au sol, autour de mon
œuvre, pour qu’elle prenne mieux
racine dans son milieu et
qu’elle semble moins «pas
rapport» au milieu du pavé. Le
texte sera inspiré de notions de
la pensée éco phénoménologique
que j’ai découverte récemment et
qui me rejoint.
C’est en gros une philosophie
autour du retour aux sources. De
la recherche de notre rôle et de
notre place originelle sur la
terre. Pour retrouver le sens
moral de notre humanité par la
mise en lumière de son sens
primitif dans la nature. Je
crois en cette idéologie et je
trouve l’être humain prétentieux
de croire qu’il peut jouer avec
la nature, alors que notre place
se trouve en harmonie avec elle
dans un équilibre naturellement
établi et qui était
originellement fonctionnel.
Pour ce qui est du texte, je ne
me suis pas encore fixée. Le
reste du projet devrait se faire
exactement de la façon que je
l’ai élaboré ici. Je crois avoir
amplement développé, mais je
pourrais en rajouter encore si
vous avez besoins d’informations
supplémentaires! L’idée de mon
projet a été très bien
accueillie lorsque je l’ai
présentée aux gens de ma classe
à l’Université. J’espère qu’elle
vous plaît aussi.
Expositions antérieures
Je voulais maintenant mentionner
que j’ai exposé 3 fois au FAST
(Festival des arts de
Sorel-Tracy), soit à l’été 2009,
à l’été 2010 et cet été en 2011.
Cet été, j’ai été couronnée de
la mention «coup de cœur du
public» pour la journée du jeudi
28 juillet. Il y avait un coup
de cœur du public par jour
(toutes disciplines ensemble)
parmi les artistes qui avaient
présenté quelque chose dans la
journée et le jeudi était la
journée pour voter pour un
artiste visuel, puisque c’était
la journée du vernissage.
Vous trouverez
ici les œuvres que j’y
présentais cet été : La première
se nomme «Monsanto, une
multinationale qui vous veut du
bien» et la deuxième «Les
langues sales poussent comme des
mauvaises herbes».


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