dimanche 23 décembre 2007
« Asia – Fantasia – Live in Tokyo »
Eagle Rock Entertainment Ltd Octobre 2007
Musicalement acceptable, visuellement
ennuyant
Pour souligner le 25e anniversaire de la formation du groupe Asia,
les quatre membres fondateurs, Steve Howe (guitares), Carl Palmer
(percussions), John
Wetton (chant et basse), et Geoff Downes (claviers), ont décidé de
reprendre du service en 2006 et de présenter une série de concerts
autour du globe. Au cours de cette tournée qui en passant
n’est toujours pas complétée, il a été convenu de procéder à
l’enregistrement du concert présenté à Tokyo le 8 mars 2007. Cette
date n’a pas été choisie au hasard car elle correspond à
l’anniversaire de la sortie de leur premier album, Asia.
Un petit rappel historique
Asia a vu le jour en 1981 en raison de circonstances favorables
dont la disponibilité des membres à cette époque et un intérêt
commun à faire du rock progressif plus commercial. Carl Palmer
était disponible, car ELP n’allait nulle part. John Wetton venait
d’assister au malheureux sabordage du groupe UK. Il avait été
auparavant membre de King Crimson. Steve Howe venait de quitter
Yes et il a proposé aux autres Geoff Downes, un ex Buggles qui
venait de participer à l’enregistrement du dernier disque de Yes,
Drama. Après quelques mois de travail, leur premier disque
était lancé et ce fut le succès commercial espéré.
Cependant, dès le deuxième album, Alpha, on sent
l’essoufflement. L’énergie et la créativité ne sont plus au
rendez-vous. Les années s’écoulent, les enregistrements
s’espacent puis Steve, John et Carl quittent un à un le groupe
laissant finalement à Geoff le soin d’empêcher le naufrage.
Il y arrive en travaillant avec d’autres musiciens, enregistrant
un disque de temps en temps dont le dernier en 2004, Silent
Nation. La sortie des disques est généralement suivie d’une
tournée auxquelles participent ponctuellement Steve et Carl.
Le DVD
Le boîtier contient un disque et un petit dépliant dont le design
est évidemment enjolivé par les dessins de Roger Dean. Le contenu
du DVD se limite à deux sections : le spectacle enregistré à Tokyo
et une série d’entrevues réalisées auprès des quatre musiciens.
Concernant cette dernière section, les membres racontent tour à
tour devant une caméra stationnaire la naissance du groupe et
l’intérêt de reprendre du service 25 ans plus tard. Intéressant à
écouter une fois, mais pas plus.
Le concert
Le groupe présente 18 pièces incluant l’intégralité du premier
album (9 pièces) et trois du deuxième album. À cela s’ajoute
la pièce Ride Easy ainsi que Intersection Blues, un court solo de
Steve Howe à la guitare acoustique. Comme complément, quatre
pièces des groupes d’où proviennent des membres : Roundabout (Yes),
Fanfare for the Common Man (ELP) In the Court of Crimson King
(King Crimson) et Video Killed the Radio Star (Buggles). Si
les pièces choisies pour Steve et Geoff sont appropriées, on peut
toutefois s’interroger sur celle de Carl et surtout celle de John
alors qu’il n’était pas membre de King Crimson à cette époque.
Il aurait été plus pertinent pour ces derniers d’offrir des pièces
de leur crue telles que Pirates (Carl) et Starless (John).
Malgré tout, il faut dire que l’interprétation de Fanfare for the
Common Man avec la contribution de Steve est particulièrement
intéressante. Cela nous laisse imaginer ce qu’aurait été ELP
avec un guitariste (HELP!).
La qualité du son est bonne bien que l’amplitude fasse défaut.
Cela manque de puissance comparé aux albums. Le groupe
aurait eu avantage à être accompagné sur scène de deux ou trois
autres musiciens afin de palier à cette faiblesse.
Musicalement, les membres offrent une performance pratiquement
sans accroc, mais pas très originale. À l’exception de
quelques pièces interprétées sur des instruments acoustiques, les
musiciens reproduisent pratiquement note pour note ce qui avait
été enregistré vingt-cinq ans plus tôt.
Le spectacle
Plusieurs éléments amenuisent le spectacle jusqu’à le rendre
inintéressant. La salle est de toute évidence trop vaste
pour quatre musiciens. Le décor est banal, se limitant à une
arrière scène noire sur laquelle on a placé trois écrans
présentant simultanément les musiciens en action. Outre
quelques rares animations sur ces écrans, les effets spéciaux
brillent par leur absence. Le jeu de lumières est discret
voire inefficace. Il n’y a pas la moindre fumée dans cette
salle du début à la fin. Il en résulte que les rayons de
lumières ne captent rien, la scène est dénuée, froide. De
plus, la trop grande utilisation des lumières blanches nous donne
parfois l’impression d’assister à un concert extérieur. La
foule dont les premières rangées sont occupées par des spectateurs
en veston cravate et tenues de soirée est tiède et les efforts de
John et de Carl arrivent tout juste à les faire lever de leurs
sièges.
Somme toute, Fantasia – Live in Tokyo est un DVD possède peu de
nouveautés et est visuellement inintéressant. Ce n’est pas le
genre de spectacle que l’on regrettera d’avoir manqué.
Michel Duncan
Collaborateur spécial |
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