mardi 01 novembre 2011
Du Supertramp au son de velours…
Par Roger Pion
Quatre mois après la visite de ses anciens acolytes à Montréal,
c’est au tour de Roger Hogdson de s’y présenter. Si Supertramp
avait eu pour prétexte de faire sa tournée en hommage à ses 40
ans d’existence, de son côté, monsieur Hogdson décida de
souligner les 30 ans de l’album Breakfast In America.
Cette
compétition semble donc s’être installée, et jamais on oublie
ses racines. Cette fois monsieur Hogdson s’annonçait avec une
formation complète. C’est la première fois depuis son retour, il
y a une dizaine d’année déjà. Quatre musiciens s’étaient joints
à lui, soit trois canadiens et un américain. Tous d’excellents
musiciens, soit dit en passant. Il faut le dire, lorsque l’un
des deux partis visite une ville, l’autre a l’habitude de ne pas
être très loin derrière. Ce n’est pas surprenant! Leur public
est forcément le même.
Mais y a t-il vraiment une structure de groupe
plus convaincante l’une que l’autre? À mon avis, non ! Pas
obligatoirement. Cependant, lorsque l’on est habitué d’entendre
un genre musical joué par ses propres créateurs, n’est-il pas là
normal de s’attendre au maximum. Et peut-être même un peu plus…
Sans connaître la raison qui a fait que Roger choisisse de
s’entourer avec plus d’aplomb, il était tout à fait naturel que
son public se montre davantage intéressé.
Deux soirs à Montréal, dont un fut le fruit d’une
supplémentaire, c’est dire comment ses admirateurs sont encore
nombreux à le suivre. J’entendis certains d’entre eux, à
quelques reprises, dans les aires d’attente de la salle
Wilfrid-Pelletier, y aller de leurs propres éclaircissements au
sujet de ce qu’avait été la musique de Supertramp, dans les
années 1970. Et dire que Roger Hogdson est officiellement parti
de ce groupe mythique depuis 1983.
Cela peut inévitablement être incroyable lorsque que l’on s’est
éloigné, pendant un certain temps, de cette musique et de son
histoire. Il est aussi plutôt légitime de se demander; Pourquoi
Supertramp sans Hogdson? Mais la majorité des gens qui s’étaient
entassés dans cette salle, à une ou à l’autre des deux
représentations à Montréal, étaient, sans contre dit, très bien
au courant des faits et gestes entourant le passé et le présent
de ce groupe britannique, et de son ex-chanteur vedette.
Après avoir assisté, en un court laps de temps, aux
représentations des deux « reformations », je peux dire qu’il
peut être très confondant d’entendre les mêmes pièces jouées par
l’une et par l’autre, lors de leur performance respective sur
scène. Les plus puristes vous diront que la différence est
flagrante. Il y en a même pour dire qu’ils ne peuvent avoir de
l’estime autant pour une que pour l’autre. Non, dans leur tête,
c’est l’une ou l’autre, mais pas les deux.
C’est comme ça! Le groupe n’a semble t-il pas
respecté les volontés de Roger, lors de son départ avec ce
denier. Et certains ne pardonneront jamais ça à Supertramp. Il
faut le dire, c’est délicat tout ça. Le groupe avait la
permission de garder le nom qui l’avait rendu si célèbre, mais
n’avait pas le droit de s’en donner à cœur joie, lors de
spectacles, avec les pièces qui sont avant tout la propriété de
Roger Hogdson.
Ceci dit, c’est toujours avec beaucoup de fébrilité que les plus
ou moins fanatiques, de longue date ou pas, démontraient à quel
point ils étaient heureux d’assister à une de ces soirées «
Supertramp ». Et dès la présence sur scène du maître d’œuvre de
la soirée, ce fut l’euphorie dans la salle. Monsieur Hogdson ne
put placer un mot. Les gens l’acclamaient à tout rompre! Pas
seulement dans les premières rangées, non non! C’était du pareil
au même jusqu’au troisième balcon, ainsi que dans les quinze
loges qui ornent les deux côtés de cette salle de la Place des
Arts. C’était très touchant. Attendrissant même, pour le
principal intéressé.
Le calme revint, mais pas pour longtemps… Et c’est sans
surprise, puisqu’il commença en force avec une de ses pièces qui
avait connu jadis de très beaux jours. La foule bondit de
nouveau. Et ce sera comme ça tout au long de la soirée.
Lorsqu’il revint tour à tour avec les plus grands succès des ses
années fortes, c’était l’ovation assurée. La question était
surtout; en avait-il négligé une seule ? Si tel était le cas, je
ne peux vous les nommer.
Au lendemain de la venue de Supertramp, en juin 2011, j’avais
titré un texte qui disait « Supertramp ! Tout a été fait ? Tout
a été dit ? » Si les admirateurs de l’un ou de l’autre, sont
quelquefois à couteaux tirés, ils seront certainement impatients
de voir ce que j’ai à dire. Je constatais avoir vu une formation
qui semblait être légèrement à bout de souffle. Ce serait un
mensonge de dire qu’il n’a pas eu de moment fort, mais c’est le
sentiment du moment. Les confronter me semble en fait très
délicat. Aussi fragile que les différents qui persistent entre
les deux clans.
Ceci étant dit, lorsque l’on entend deux fois le même spectacle
ou presque, à quelques mois d’intervalles, les comparaisons
fusent forcément dans une direction plutôt que dans une autre.
Alors… À ma dernière expérience avec le groupe Supertramp,
quoique cela ait été une performance des plus professionnels,
tout comme les cinq autres épisodes que j’ai pu voir au fil des
années, je déplorais le moins de conviction de la part de ses
membres originaux. Voilà pour le rappel en ce qui concerne juin
2011.
Et pourtant, si je compare cette performance à celle de Roger
Hogdson, la magie résonnait cette fois avec moins de vigueur.
Certains diraient de punch. Il s’agissait là de ma simple
perception. C’était donc pour moi, malgré le plaisir que j’en
retirais d’être parmi l’assistance, un sentiment favorable
envers Supertramp.
Je dois le dire, cet avantage allait tout de même être de courte
durée. L’absence de guitare électrique m’avait d’abord déplu.
J’aimais bien les quelques guitares qui en faisaient partie
jadis. Mais aussi, on s’attend souvent à trop de cette
performance scénique. Lorsque l’explosion ne vient pas ou
encore, que le chanteur ne sort pas du plancher, on a tendance à
chercher le moindre petit plus. Ce n’est pourtant pas ce genre
d’attraction qui avait fait les beaux jours de monsieur Hogdson.
La magie allait forcément venir d’ailleurs.
Lorsque Hogdson empoigna une de ses
magnifiques guitares acoustiques douze cordes, tout changea bout
pour bout, en ce qui concerne mon jugement. Une âme était, tout
à coup, davantage présente. Ça respirait le bonheur et
l’allégresse. Cet enthousiasme se transportait même lorsque
Hogdson jouait ses pièces inédites. Ou même encore, lorsqu’il
s’agissait de pièces moins adulées qu’il avait composées pour le
groupe. Et ça, pour moi, ce fut un signe évident de sa réussite.
Un spectacle à la résonnance de velours. |