Steve Hackett,
haut la main !
Par Roger Pion
Montréal, 5 octobre 2013
(Roger Pion) - C’est clair nous y sommes
avant tout pour Steve Hackett, ce sympathique
guitariste qui a vu défiler les premières et
plus belles années de son
non moins populaire groupe, Genesis. Et là, si
j’ai appris quelque chose à quelqu’un, excusez
ma franche naïveté. Le but étant avant tout de
rétablir les faits. Le titre du spectacle; « Genesis
Revisited II ». Ça dit tout !
Bref, j’imagine que la plupart
des disciples de Monsieur Hackett, comme s’est
amusé à le dire une de mes connaissances,
savaient fort probablement que ça allait être un
dernier tour de piste pour la musique
Genesissienne, joué par un des membres officiels
de la défunte formation. Voilà peut-être
pourquoi je sentais une certaine agitation dans
cette grande salle, rempli à pleine capacité, de
la PDA à Montréal.
Maintenant, comment allait-on se
comporter ! On le sait, une première partie
était annoncée et ce n’est jamais ce que préfère
particulièrement accomplir un artiste. Pas
surprenant en soi. Par contre, la présentation
de l’annonceure maison est digne du monsieur qui
va s’emmener sur cette scène. Si on ne me le dit
pas, oubliez ça ! Je ne le reconnais pas.
C’était nul autre que le claviériste du célèbre
groupe Maneige, Jérôme Langlois. Dans la
présentation on nous apprend qu’il est encore
actif. Ahhhhh ! On finit toujours par savoir
tout ce qui se passe à travers le monde, mais
ici, chez nous, notre propre développement
artistique ressemble souvent à un secret d’état…
C’est du moins la réaction que les gens avaient
autour de moi.
Langlois commence donc avec une
première pièce, et un énorme respect envers
l’artiste règne dans la salle. Peut-être que
c’est juste moi, je sens une certaine nervosité.
Très beau début soit dit en passant, mais je
n’ai aucune souvenance d’avoir déjà entendu ce
qui est interprété. Et pour cause ! Il s’agit
d’une pièce qu’il a expressément composée pour
l’occasion.
Un hommage à Steve Hackett nous dit-il ! Il
semble lui-même être un fan fini de l’artiste.
Ça se sent !
Après ce court entretien il
enfile cette fois deux des pièces que j’ai
beaucoup écoutées dans le passé. La Balloune et
1-2-3-4-5-6. J’étais même dans la salle lors de
cet enregistrement « LIVE » à L’hôtel Nelson de
Montréal en 1975. Ouch ! Je sortirai sûrement ce
bijou de ma discothèque dans les jours qui
suivront. Et puis, s’amène sur scène une jeune
dame, clarinette à la main. On apprendra plus
tard qu’il s’agit de sa fille Romie. Quel talent
! Papa a sûrement quelque chose à voir avec le
choix de l’instrument de sa fille, étant
lui-même un excellent clarinettiste. Le duo sera
ainsi fort apprécié du public tout au long de sa
prestation, et il semblera satisfait de son
accomplissement. Comme indiqué, Romie et Jérôme
viendront se joindre à l’assistance pour le
reste de la présentation. Ma théorie était donc
assez bien senti. Monsieur Langlois a
définitivement un faible pour Monsieur Hackett.
Les préparations d’usage sont de
courte durée. En tout cas, c’est ce que j’ai
comme impression. Les belles discussions qu’on a
dans la salle, confirme que ce sont
inévitablement des connaisseurs qui sont présent
à cette soirée. Je dois m’en confesser. Ce n’est
pas correct… J’en ai même oublié ma conjointe,
tant j’étais pris par les souvenirs et les
révélations de chacun. Elle en avait fort
probablement tout autant à raconter. Il faut
m’excuser, j’étais tellement émoustillé par
cette ambiance à la fête. Et ce n’est pas
souvent que je puisse rencontrer mes bons amis
de la Filière Progressive.
Arrive le moment tant attendu. Ça
y est ! Steve Hackett et ses « acolytes »
prennent place sur scène. La foule est déjà
conquise. C’est l’ovation ! Cela surprend
quelqu’un ? Je ne crois pas !
Et puis nous avons droit à
l’ouverture de circonstance. Une messe en soi.
Cet infaillible son de mellotron est joué à fond
la caisse. Ça vient personnellement me chercher
au maximum. Et pour cause ! C’est mon hymne.
Celui de mon groupe. J’ai moi-même quelque fois
interprété ce chef d’œuvre musical devant
public. Je ne peux demeurer passif. C’est
l’étonnante performance du début de la pièce « Watcher
of the Skies », angéliquement interprété par le
claviériste Roger King.
La suite est l’affaire du
chanteur Nad Sylvan. Je dois le dire, ce
chanteur a fait de très belles choses avec le
groupe Unifaun. Avec Hackett, c’est autre chose.
Il a inévitablement compris son rôle avec cette
formation. Il est digne d’en faire partie. Il
expérimente de très belle façon les pièces de
Genesis, revisitées. Dès le début il le démontre
habillement. On le sait, le côté théâtrale de
cette musique et l’âme que Peter Gabriel lui
procurait, c’était une lourde tâche que de
filtrer cet inoubliable passé. J’étais conquis.
Je ne crois pas avoir été le seul. Ce fut
l’euphorie! Et ce n’était qu’un début… Les
mimiques et les petites mises en scène de Nad
furent immanquablement appréciées, ce qui
ajouta, à mon avis, une autre couleur qu’on
n’avait jusqu’à ce jour pu imaginer.
Les classiques se succédèrent et
chacun des membres eurent inévitablement son
petit moment de gloire. Je pense ici aux pièces
que l’excellent batteur Gary O’Toole eut
l’honneur d’interpréter, avec une aisance
remarqué. Je parle des pièces
Fly On a Windshield, Broadway Melody of 1974 et
Blood On The Rooftops.
Que dire du côté surnaturel du
bassiste/guitariste Lee Pomeroy ! Surnaturel ?
Que dis-je ! Il s’agit fort probablement d’un
extra-terrestre… Je ne suis certainement pas le
seul à avoir remarqué qu’il est gaucher et qu’il
joue sur des instruments de droitier ? Essayez
seulement d’inverser vos cordes sur le manche de
votre instrument et tentez de jouer normalement
! Ça c’est Lee Pomeroy. Et lorsque l’on
l’observe pendant des pièces aussi compliquées
que celles du groupe Genesis première
génération, cela tient certainement de
l’exploit. Rien ne lui fait peur. Il a même
contribué au retour de Gentle Giant, à un
certain moment. J’étais présent à l’une de ces
représentations et j’avais été renversé pas son
agilité.
Il y a aussi eu de beaux moments
avec les duos clarinette/guitare, Townsend/Hackett,
mais pas toujours. Les jolies harmonies
n’étaient pas toujours au rendez-vous. Pas que
les belles envolées de Townsend, comme dans The
Lamia, n’étaient pas remarquées et appréciées.
Loin de là ! Il avait même d’autres cordes à son
arc. Rob Townsend n’était pas là pour rien. Il
avait aussi un rôle tout autre à accomplir. Il
soutenait quelquefois le groupe à bout de bras,
lorsqu’il devait compléter le jeu de clavier que
Tony Banks accomplissait seul par le passé.
Roger King manquait tout simplement de mains…
Pour le reste, quel talent ce
Hackett ! Et pourtant, il dit s’améliorer,
encore aujourd’hui. Difficile à dire, mais bon…
Si l’on se fie à ce qui a été fait pendant les
années 1970, c’est de cela qu’il s’agissait tout
au long de ce spectacle. À part quelques
transformations, Steve se permet d’étirer pour
le mieux quelques magnifiques solos déjà connus
en y mettant cette fois toute la gomme, sans
toutefois trop brasser les arrangements
originaux qui avaient depuis longtemps conquis
les milliers d’admirateurs à travers le monde.
Alors… D’ailleurs, je ne croyais jamais plus
revivre cette époque dans une salle, surtout
avec un membre de « la première heure ». Bon, je
sens qu’on va me reprendre, parce qu’il y a bien
sûr eu ce cher Anthony Phillips, celui qui avait
une certaine crainte à faire de la scène.
C’était lui le premier guitariste du groupe.
Celui qui insistait pour exploiter les guitares
12 cordes. Avec raison ! Mais Steve aura
sûrement contribué au meilleur du groupe. Il le
démontrera également avec son instrument
acoustique.
Ceci dit, cette tournée unique
sera une idée de Steve Hackett, qui avait depuis
longtemps pris naissance dans sa tête, compte
tenu du refus des autres membres originaux à ne
pas vouloir faire de réunification. Dommage !
Mais quel excellent compromis ! Ils ont été
d’une générosité sans nom. Plus de 2h30 de
spectacle, sans compter la magnifique et
surprenante prestation du duo Langlois, en
ouverture.
Steve Hackett n’allait pas se
gêner pour nous le redire, il a connu des
moments uniques, ici au Québec. Pendant ce court
séjour il prit même le temps de luncher avec nos
amis du groupe Musical Box. Cette même formation
québécoise qui marquera le 40e anniversaire de
la venue de Genesis au CEPSUM, le 10 novembre
prochain. C’est tout dire ! Si vous voulez
rentrer dans la machine à voyager dans le
temps, tenez-vous le pour dit ! Comme le dit si
bien mon ami Marc Blondin; Soyez-y mesdames
messieurs ! Steve va-t-il être de la fête ?
Laissez-moi rêver… Sachez tout de même que
Steve Hackett a beaucoup d’autres choses à nous
faire entendre. Il est toujours resté en piste
et ne cesse de nous surprendre.
Pour celles et ceux qui ne
pouvaient assister à cette soirée et qui se
demandent de quoi était composé cette dernière,
voici les titres accompli;
1. Watcher of the Skies
2. The Chamber of 32 Doors
3. Dancing with the Moonlit Knight
4. Fly on a Windshield
5. Broadway Melody of 1974
6. The Lamia
7. The Musical Box
8. Shadow of the Hierophant
9. Blood on the Rooftops
10. Unquiet Slumbers for the Sleepers
11. In That Quiet Earth
12. Afterglow
13. I Know What I Like
14. Dance on a Volcano
15. Entangled
16. Eleventh Earl of Mar
17. Supper's Ready
18. Firth of Fifth
19. Los Endos
Roger
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