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Mercredi 21 septembre, 2022
Élection provinciale dans Richelieu
Un débat sur fond de crise climatique et de reprise post-pandémie
( Équipe STM, 21 septembre 2022) – Les cinq candidats à l’élection provinciale dans la circonscription de Richelieu étaient réunis au Cégep de Sorel-Tracy, hier soir, afin de se donner la réplique lors d’un débat où le candidat sortant, Jean-Bernard Émond, a été attaqué de toutes parts. Les échanges, parfois tendus, entre les participants concernaient divers enjeux comme les transports, la santé, l’économie ou l’environnement et visaient tous un seul but : convaincre les électeurs de choisir leur camp le jour du vote, le 3 octobre prochain.
Lors de cette soirée, les gens présents à l’auditorium du Cégep de Sorel-Tracy ont pu entendre les principales préoccupations des candidats. Chacun des aspirants s’est prononcé concernant les six grands thèmes déterminés par les organisateurs, soit les transports, la santé, la gestion de la pandémie de la COVID-19, l’économie, l’éducation et la famille ainsi que l’environnement. Pour chaque thème abordé, tous les candidats avaient une minute pour répondre aux questions et pouvaient poursuivre leurs échanges lors d’une période de débat de quatre minutes.
Enjeux locaux partagés
Si les discours des candidats étaient souvent teintés des grandes lignes présentées par les partis politiques provinciaux, plusieurs enjeux locaux ont été soulevés lors de ce débat de deux heures et ont fait l’objet d’une certaine unanimité parmi eux notamment les problèmes occasionnés par la centralisation des décisions du ministère des Transports (MTQ).
Selon tous les postulants au titre de député de Richelieu, il est nécessaire aujourd’hui de décentraliser pour prioriser la réfection des infrastructures déjà en mauvais état partout sur le territoire avant même de pousser plus loin des projets majeurs comme le prolongement de l’autoroute 30 ou la construction d’un nouveau pont.
« On a besoin de faire des interventions urgentes. On l’a mentionné, le pont Turcotte, c’est épouvantable et je n’imagine pas la situation cet hiver. Avant même d’annoncer des projets d’autoroute, nous devons réparer les problèmes que nous avons présentement », a souligné le candidat du Parti libéral du Québec (PLQ), Anthony Sauriol.
Selon le candidat du Parti québécois (PQ) Gabriel Arpin, il faut aussi appuyer de beaux projets comme celui mis en place par la Société de transport collectif Pierre-De Saurel afin d’améliorer la mobilité sur le territoire. « Le point, c’est de donner plus de pouvoirs au député pour lui permettre de prendre des décisions rapides et de débloquer des budgets en conséquence des priorités dans la région. Il y a des initiatives locales qui peuvent être plus efficaces que des projets provinciaux. C’est ce genre de projet qu’il faut mettre de l’avant », a-t-il affirmé.
Le député sortant et candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), Jean-Bernard Émond, a de son côté mentionné que des efforts ont été réalisés par son parti pour améliorer le réseau routier en déplorant toutefois les retards occasionnés par la grève des ingénieurs au cours de la dernière année.
« Il y a un rattrapage majeur à faire. On s’est attaqué à ça dans les dernières années. Je suis très fier, car ce sont des dizaines de millions qui ont été mis dans le réseau routier dans la région avec le resurfaçage du pont Maurice-Martel ainsi que la réfection de bretelles d’accès à l’autoroute et de plusieurs routes dans les municipalités rurales.»
Les problèmes des familles pour obtenir une place en garderie, le manque de financement du secteur communautaire ainsi que la pénurie de main-d’œuvre touchant tous les milieux dont le secteur de l’éducation ont, selon les candidats, des impacts majeurs actuellement sur la présence des femmes dans le marché du travail et aussi sur la relance économique du Québec.
Ils ont tous démontré l’importance de mettre en place différentes mesures de soutien afin d’aider les entreprises vivant une pénurie de main-d’œuvre et durement touchées par la pandémie de la COVID-19. Parmi les solutions énoncées lors de cette soirée, nous comptons, entre autres, l’augmentation du salaire minimum, la mise en place de crédits d’impôt, la reconnaissance des diplômes de travailleurs étrangers, l’octroi de subventions aux entreprises, la promotion des métiers d’enseignant ou d’infirmier et l’amélioration des conditions de travail dans tous les secteurs d’activité.
La santé divise les candidats
La gestion chaotique de la pandémie et le manque de transparence de la CAQ ainsi que le niveau de préparation des instances de la santé ont d’ailleurs grandement divisé les participants au débat hier soir. Selon la majorité d’entre eux, le gouvernement en place a pris de mauvaises décisions minant la confiance de la population et ruinant l’économie québécoise avec le délaissement des entreprises qui ont été beaucoup touchées par la pandémie.
« On est en train d’analyser ce soir la game d’hockey de samedi dernier. C’est facile à dire après que j’aurais mis tel trio et que j’aurai changé tel trio. Je suis fier du premier ministre Legault, de M. Christian Dubé (NDLR : ministre de la Santé et des Services sociaux) et de la Santé publique. Cela n’a pas été facile, mais on a passé ensemble au travers », a répliqué à ses collègues politiciens, M. Jean-Bernard Émond.
Les candidats ont aussi déploré plusieurs problèmes récurrents causés par la décentralisation du système de la santé notamment les bris de service réguliers sur le territoire, le manque de médecins de famille, le délaissement du public vers le privé par le personnel infirmer et la surcharge des urgences.
Le député sortant de la CAQ, Jean-Bernard Émond, a dû répondre à de nombreuses critiques de ses adversaires tout en essayant de faire valoir les décisions de son parti pour améliorer le réseau de la santé, dont la mise en place de projets majeurs de modernisation dans la région.
« La réforme Barrette a été très dommageable pour le système de la santé, particulièrement ici. […] Nous avons engagé une certaine forme de décentralisation, de petits gestes qui commencent tranquillement à porter fruits grâce à une direction adjointe qui est maintenant en permanence ici et l’ajout d’un appareil d’imagerie par résonnance magnétique (IRM). […] Il est hors de question d’enlever ce que nous avons ici. On va continuer de travailler dans ce sens-là pour les quatre prochaines années, mais il y a beaucoup de travail à faire », a assuré M. Émond.
Lors de son intervention, le candidat libéral a appuyé le désir de son parti d’offrir un médecin de famille à chaque Québécois tirant à boulets rouges une fois de plus sur la CAQ concernant cette promesse tenue en 2018 et qui n’a pas été, selon lui, réalisée. « La CAQ avait promis un médecin par Québécois et on s’est ramassé, alors qu’il y avait 400 000 Québécois sur la liste d’attente, à près d’un million de personnes. J’ai du mal à comprendre, M. Émond, comment vous pouvez prononcer les mots « je suis fier » après ce que nous avons vécu avec la pandémie et la femme qui a dû être transportée à l’extérieur pour donner naissance », a déploré M. Sauriol.
La candidate conservatrice, Marie-Ève Dionne a elle aussi critiqué le système de santé actuel préconisant une complète restructuration pour améliorer la situation. « Souvent les bottines ne suivent pas les babines. On veut prendre le taureau par les cornes et réformer le système de santé ainsi qu’additionner la contribution du privé, mais dans le but de faire de la compétition au monopole public qui ne fourni pas et sans que ça coûte plus cher », a-t-elle expliqué.
Son vis-à-vis et candidat de Québec solidaire, David Dionne, a aussi déploré la situation qui est de son point de vue pathétique actuellement dans la région alors qu’il n’y a aucune clinique sans rendez-vous. « C’est important de miser sur la prévention. On veut travailler à la restructuration de nos CLSC qui sont un joyau national. Il faut les revaloriser ainsi que ramener les soins de proximité dans notre région. C’est urgent ! On veut miser sur l’interdisciplinarité. On ne veut pas que nos soins de santé passent toujours par nos médecins. […] Si le privé cela marchait, on le saurait. »
Le recours au secteur privé a aussi été balayé de la main par le candidat péquiste, Gabriel Arpin, qui mise plutôt sur le réinvestissement dans le réseau actuel pour améliorer la prise en charge des patients. « Il y a une différence entre décentralisation et privatisation. La privatisation, c’est comme ça que les États-Unis fonctionnent et on ne peut pas dire que c’est un modèle à suivre. Ce qu’on offre, ce n’est pas de mettre de l’argent dans le béton pour ouvrir de nouvelles infrastructures qui coûteront des millions de dollars, mais de réinvestir l’argent dans les institutions qui existent déjà pour sauver notre système et où les gens ont des besoins immédiatement. »
Vision du futur
Le débat s’est terminé sur le thème de l’environnement qui a démontré sans contredit les visions opposées des candidats face à la gestion de la crise climatique. Si le dossier des poussières dans l’air de l’entreprise Richardson a été un sujet préoccupant pour tous les candidats, les frictions entre ceux-ci ont été nombreuses concernant le sort de la planète lors de cette dernière période du débat.
« On a une perspective plus planétaire parce qu’il y a des pays qui chauffent encore au charbon et qui rouvrent des centrales au charbon. Nous voulons les aider pour avoir un véritablement impact sur la transition énergétique dans le monde », a partagé la candidate conservatrice, Mme Dionne.
Pour son homologue du PQ, Gabriel Arpin, la transition énergétique devra passer en premier lieu par l’autosuffisance du Québec. « Je vous rappelle que le PQ a été désigné comme ayant le meilleur projet environnemental et le plus réalisable. On aide déjà les agriculteurs à appliquer cette transition qui implique d’énormes coûts pour eux, car on vise l’autosuffisance depuis 10 ans. Si jamais il y a des conséquences environnementales, on pourra ainsi subvenir à nos besoins pour contrer les changements climatiques », a-t-il souligné.
Le candidat libéral a affirmé que son parti était le seul à avoir à cœur de concilier l’économie et l’environnement. « C’est le futur et malheureusement, la CAQ semble démontrer peu d’intérêt pour la lutte aux changements climatiques, ce qui est pourtant l’enjeu du 21e siècle. Nous avons une série de mesures, mais à long terme, dont notre projet Éco qui vise à transformer notre économie, en économie plus verte en utilisant nos ressources en hydroélectricité. Nous créerons de l’hydrogène qui est une source d’énergie renouvelable et écologique. Par la suite, il faut penser au projet éolien, comme celui entamé ici localement et qui a été mis d’avant par le Parti libéral », a assuré M. Sauriol.
Le député sortant de la circonscription de Richelieu, Jean-Bernard Émond, a renchéri aux propos de son adversaire en soulignant l’importance de savoir où le Québec se situe en Amérique du Nord en matière d’environnement. Il a également parlé du désir de son parti de se projeter en avant avec la création du Fonds Bleu pour protéger l’eau.
« Sur 60 états, on est premier devant la Californie et devant New-York, grâce à notre hydroélectricité. Il faut miser davantage sur cela à l’interne et aussi pour aider nos voisins, sur les subventions pour l’acquisition de bornes électriques, l’électrification du parc d’autobus scolaires, qui est d’ailleurs déjà débutée dans la région, ainsi que le soutien aux entreprises pour la décarbonisation des procédés industriels. Nous avons aussi annoncé la création d’un Fonds bleu de 650 millions de dollars dont l’argent va venir de la redevance sur l’eau utilisée par l’industrie », a-t-il applaudi.
Selon M. Dionne, malgré toutes ces annonces des autres candidats, c’est le plan de Québec solidaire qui est le meilleur moyen pour arriver à contrer les changements climatiques. « En utilisant cette comparaison-là, le gouvernement compare le Québec à deux cancres de la lutte aux changements climatiques. […] Le prochain gouvernement aura le mandat de la dernière chance. Nous avons le plus grand plan avec 60 mesures concrètes. On veut faire du Québec un pays vert et innovant. Nous avons la main-d’œuvre, l’hydroélectricité et on peut aller de l’avant avec ce projet en misant sur notre savoir-faire. Nous sommes en très bonne position pour le faire », a-t-il conclu.
Les cinq candidats ont terminé le débat en invitant les citoyennes et citoyens de la circonscription de Richelieu à participer à cet exercice démocratique dans le cadre de l’élection qui aura lieu le 3 octobre prochain. Rappelons que le comté de Richelieu a été une forteresse péquiste de 1994 à 2018. Lors de la dernière élection, les électeurs ont choisi la CAQ pour les représenter en accordant 49,8 % des voix à M. Jean-Bernard Émond.
Priorités des candidats s’ils sont élus :
« Être à l’écoute des gens, être sur le terrain et présente pour les citoyens. On offre la baisse d’impôts la plus importante de tous les partis confondus pour remettre de l’argent dans les poches des Québécois et aussi les aider. » – Marie- Ève Dionne, candidate du Parti conservateur du Québec
« Il faut une vision globale pour la région et il faut s’attaquer aux problèmes de santé observés sur le territoire, ce à quoi nous avons des réponses. Nos CLSC sont des joyaux nationaux, investissons et donnons-nous une première ligne de soins ici en région. Pour pallier l’inflation et la crise du logement, on veut aider les gens à se sortir de cette misère-là en coupant la TVQ et sur l’épicerie » – David Dionne, candidat de Québec solidaire
« Il faut écouter les gens. Il y a des projets qui fonctionnent dans la région, il y a de gens qui donnent leur vie pour aider les personnes qui ont besoin d’aide. Si je suis élu, je m’engage à écouter ces gens-là et à trouver du financement pour les gens dans le besoin. » – Gabriel Arpin, candidat du Parti québécois
«On va continuer le travail que nous avons amorcé dans les quatre dernières années. Concrètement, nous allons mettre en place un bouclier anti-inflation pour remettre de l’argent dans les poches des citoyens de Richelieu qui en ont grandement besoin actuellement. » – Jean-Bernard Émond, candidat de la Coalition avenir Québec
« J’ai le désir d’être le porte-parole des citoyens de Richelieu. Je mettrais toute mon énergie pour soutenir les citoyens affectés notamment par l’inflation parce que beaucoup peine à joindre les deux bouts. La santé serait aussi une priorité. La population est vieillissante et c’est important que les besoins de la population soient pris en charge par un médecin famille qu’on s’engage à fournir à chacun des Québécois et citoyens du comté. » – Anthony Sauriol, candidat du Parti libéral du Québec